Obama faiblit
06/07/2009 BHO semble donner des signes de fatigue.
Durant la première semaine de la pseudo-révolution iranienne, Obama, certain de
la justesse de sa politique de réchauffement avec Téhéran, avait refusé d'hurler
avec la meute des bien-pensants de
l'Occident angoissé,
apparaissant dans toute sa dimension de jeune président potentiellement
révolutionnaire, d'homme politique debout au milieu des gesticulations des
petits excités du genre Sarko ou Berlusconi vociférants aux quatre vents avec
les VRP de la démocratie-hamburger, des droits de l'homme et du Fox à poil dur.
Il était alors évident qu'il était le seul président de l'Ouest à avoir une
vision, une politique vraie, décidée, ambitieuse, à avoir compris l'enjeu
régional, ce qu'attestait d'ailleurs ses exigences à l'égard d'Israël.
Oui mais voilà. Trop de pressions de la part des conservateurs, trop de
pressions d'une partie influente des démocrates (Hillary-Biden), trop de
pressions de la part des lobbies ont fini par forcer Obama à rentrer dans le
rang pour hurler, même à contre-coeur, avec la meute. Du coup, c'est toute
l'intelligence de sa politique de dégel vis-à-vis de l'Iran qui se fissure, qui
craquelle et menace de s'effondrer, submergée par la politique de l'instinct, de
l'idéologie, des sondages, de l'audimat, des intellos et des speakrines de JT à
deux balles bref, la politique de l'insignifiance exaltée qu'affectionnent
Bruxelles et les salons parisiens.
Alors qu'on s'était justement surpris à rêver qu'enfin, le vent pourrait bien
tourner, que l'Etat-voyou israélien, boucher du Proche-Orient et principal
obstacle à la paix au Moyen-Orient, allait enfin être mis au pas, voilà que la
reculade de BHO ouvre une brèche énorme, gigantesque. Et le vice-président
américain, le très pro-israélien Biden, de s'y engouffrer immédiatement pour
annoncer ce week end que les Etats-Unis ne s'opposeraient pas à des frappes
israéliennes sur l'Iran... Rien de moins: l'Etat hébreu peut déterminer par
lui-même "ce qui est dans son intérêt et ce qu'il décide vis-à-vis de l'Iran
ou tout autre pays". (...) Que nous soyons d'accord ou non, ils ont le droit de
le faire. Tout pays souverain a le droit de le faire".
Le coup est immense. Et BHO a beau réitérer dans le même temps sa proposition
de dialogue avec Téhéran, le mal est fait, considérable. Reste à savoir si les
déclarations de Biden reflètent la reddition d'Obama sur cette question, ou
trahissent simplement les dissensions au sein de son cabinet.
Car l'enjeu est énorme. Etat paranoïaque. Etat imposteur,
Etat-voyou
construit sur une idéologie raciste et dépourvu de tout repère moral,
Israël pourrait en effet bien considérer cette déclaration comme un feu vert, ni
plus ni moins. Selon le
Sunday Time d'ailleurs, le chef du Mossad, Meïr Dagan, a pris des
contacts au début de l'année avec les autorités saoudiennes pour savoir si Riyad
permettrait à l'aviation israélienne de survoler son territoire pour conduire
des frappes sur l'Iran. Riyad aurait informé le Premier ministre israélien,
Netanyahou, que l'Arabie Séoudite serait prête à "fermer les yeux" si "des
appareils de l'aviation israélienne devaient pénétrer dans leur espace aérien
dans le cadre d'une mission servant les intérêts communs d'Israël et de l'Arabie
Saoudite". Même si Tel-Aviv nie, mais qui s'en soucie, cet accord séoudien
est acquis. Riyad est en effet un allié docile, docilisé depuis longtemps.
Autre nouvelle qui atteste de la dangerosité de la situation, Tel Aviv vient
d'annoncer qu'un de ses sous-marins de classe Daulphin (capable de transporter
des ogives nucléaires) avait franchi le
Canal de Suez
pour des manoeuvres. Le message est clair: nos sous-marins n'ont plus besoin de
contourner l'Afrique pour se mettre à portée de tir des installations
iraniennes.
Rappelons enfin qu'en janvier dernier, l'aviation israélienne a opéré un raid
aérien sur le
Soudan, sorte de répétition générale a des frappes sur l'Iran puisque la
distance entre la cible soudanaise et
la ville iranienne d'Arak,
où est installé un réacteur à eau lourde, est la même.
Cette conjonction d'éléments ne laisse rien augurer de bon pour cet été. Et
s'il ne veut pas se retrouver avec une guerre régionale sur les bras, Obama a
intérêt à vite, très vite se ressaisir.