Ukraine : le hasardeux regime
change de l’UE
24/02/2013 Comme prévu, l’incendie attisé par le bloc occidental depuis
des semaines en Ukraine a échappé à tout contrôle. Et c’est aux premiers
moments d’un dérapage vers la guerre civile que les pompiers-pyromanes
européens, saisis de panique, ont finalement forcé l’opposition à signer
un accord avec le Gouvernement. Dans la nuit de jeudi à vendredi, la
petite phrase du ministre polonais Sikorski a bien résumé l’urgence
infinie dans laquelle chacun s’est retrouvé: «Si
vous ne soutenez pas cet accord, vous aurez la loi martiale, l’armée,
vous serez tous morts.»
Aujourd’hui, l’incendie est loin d’être circonscrit et tout risque
d’éclatement du pays n’est pas écarté. En pariant sur la montée aux
extrêmes pour aboutir à un regime
change bien hasardeux, l’UE vient aussi de légitimer pleinement
l’usage de la violence à des fins politiques sur son sol.
Le dangereux modèle syrien
Tout a été très vite et après la flambée de violences du milieu de
semaine, l’Ukraine s’est retrouvée aux portes de la guerre civile. Il
faut dire que pour faire plier Kiev, le Bloc occidental, UE en tête,
semble avoir voulu appliquer le modèle insurrectionnel syrien tel que
nous l’avons décrit
dans notre précédente brève :
«Une contestation immédiatement
instrumentalisée avec, très vite, l’entrée en action de groupes
extrémistes plus ou moins militarisés ; un absolutisme total dans les
revendications qui ne peut qu'engendrer l'affrontement ; la mise sur
pied d’une alternative politique (offshore dans le cas syrien) ;
le tout noyé dans une propagande menée tambours battants pour célébrer
les vertus et la pureté des intentions de ces nouveaux freedom
fighters.»
Sauf qu’évidemment, l’incendie ainsi stimulé a manqué de peu de plonger
le pays dans la guerre civile.
Frénésie
Pris d’une frénésie révolutionnaire, le Parlement ukrainien
multiplie les initiatives spectaculaires désormais. Si la libération de
la
«Princesse du gaz» Timochenko
n’était, semble-t-il, destinée qu’à permettre à nos vaillants
éditorialistes de la presse-Système de larmoyer à l’envi sur les vertus
de cette révolution, il a surtout lancer un mandat d’arrêt
«pour meurtres de masse»
contre le lamentable ex-Président Ianoukovitch, aux abonnés absents
depuis samedi.
Si l’on avait voulu inciter ce dernier à agir pour organiser la
sécession des régions de l’Est russophones, on ne s’y serait pas pris
autrement.
La boîte de Pandore est donc encore largement ouverte en Ukraine et
reste à savoir désormais si l’UE manie aussi bien la lance à incendie
que les allumettes.
Deux certitudes pour l’heure.
La première est que ce regime
change ne manquera pas de durcir encore les relations entre Moscou
et le Bloc occidental en général, et l’UE en particulier, avec de
possibles répercussions jusqu’en Syrie.
La deuxième, c’est qu’avec une Ukraine désormais en quasi défaut de
paiements, l’Europe vient au mieux de se fabriquer de toutes pièces une
Grèce-bis.
Bravo l’artiste.