Quand l’anecdote devient «signe»

20/12/2013 Il y a des moments de grâce, comme cela, où des évènements en apparence anodins disent absolument tout de l’essentiel de la chose. Des évènements si improbables, à la genèse si tortueuse, mais chargés de tant de sens et de clarté, qu’ils s’imposent avec force comme des signes nécessairement venus d’en-Haut. Ainsi en va-t-il de l’épisode survenu lors de «l’hommage planétaire» réservé à Nelson Mandela, où l’homme choisi pour traduire les discours des «grands de ce monde» en langage des signes aura gesticulé durant des heures de manière apparemment désordonnée. Et peu importe qu’il fut un faussaire ou un schizophrène. Le fait est que sa présence à ce moment-là, pour cet évènement-là et dans cette fonction-là, relève tout simplement du magique tant sa performance aura, grâce à ce charabia gestuel, traduit à la perfection la vacuité des âmes et des discours de nos grands justement.
Ainsi donc, durant des heures, seuls les sourds et les muets assistant au
spectacle auront approché la vérité, l’essence même de ce qui fut réellement dit. C’est-à-dire rien. De la bouillie pour les chats. Du vide, du creux, inlassablement remis en forme, inversé, renversé, retourné, reformulé. Du vide, du creux, rien. C’est-à-dire la réalité profonde, «l’état profond» si l’on peut dire, de ce Système nihiliste et de ses élites sans âme.
En gesticulant aux côtés d’Obama et de ses clones ; en rendant leurs discours incompréhensibles, cet homme,
Thamsanqa Jantjie, schizophrène ou pas, en a rendu l’essence parfaitement intelligible au contraire, devenant ainsi le plus noble instrument de la vérité.
Cette anecdote, ce «signe», nous semble donc le symbole parfait pour servir d’épilogue à une année supplémentaire de désordre et de chaos générée par notre vertueux Système, par tous ces surmorts qui s’en prétendent les élites, et qui outragent en notre nom notre monde et notre humanité du haut d’une raison d’Etat dévoyée.
Au moment où nous écrivons ces lignes, toute une humanité faite d’enfants, de femmes, d’hommes et de veillards est affamée par les banksters du Système, assassinée par les jihadistes de Fabius et consorts ou par les drones d’Obama.
Aucun de ces crimes ne relève de la fatalité.
Tous relèvent d’une politique.
La leur.
Lors des obsèques de Mandela, l’Histoire a fait d’une anecdote un «signe», pour nous dire que même elle, ne les supporte plus, pour nous dire qu’elle aussi, est indignée.
Voilà un puissant allié.