prism : D’obama a miss alabama
22/06/2013 Entré dans la phase terminale de son effondrement, le Système
néolibéral enfante et multiplie les crises comme une tumeur engendre et
dissémine les métastases. Crise économique ; crise environnementale ;
crise financière ; crise alimentaire, crise énergétique ou crise de
légitimité forment ainsi une immense crise à têtes multiples dont chaque
ogive éclate à son tour pour accoucher d’autres crises, d’autres
métastases. Dernière crise en date : le scandale
PRISM,
ou comment les géants du web participent activement aux programmes
étasuniens de surveillance illégale de citoyens du monde entier. Une
énième crise dont la nature particulière confirme s’il en était besoin
la dérive totalitaire du Système.
De crises en guerres
Mais est-ce une surprise ? Il est vrai que les élites censées
piloter notre Hyper-Titanic
ont depuis longtemps jeté l’éponge. De G20 en G8, ils sortent de leurs
conclaves systématiquement lessivés, psychologiquement abattus d’avoir
une fois de plus à rivaliser de sourires forcés autour de déclarations
vides, creuses, sans parvenir à masquer leurs dissensions, voire leur
haine réciproque.
C’est qu’en plus d’avoir perdu les commandes de leur machine, ces
gens-là sont en guerre, qu’elle soit larvée ou déclarée.
Guerres pour les ressources en Irak, en Afghanistan, au Congo, en Libye,
en Syrie, au Proche-Orient.
Guerre du Nord contre le Sud ;
Guerre entre l’Occident et l’Asie ; de l’Occident contre l’Orient ; de
l’Ouest contre l’Est.
Guerres économiques entre les régions, les pays, les continents, même
alliés ;
Guerre entre les places financières, les places boursières, les
multinationales, les conglomérats, les actionnaires, les entreprises.
Guerre entre employeurs, mais guerre aussi entre employés pour conserver
les emplois qui se raréfient.
Guerre des 1% contre les 99% ;
Le Système néolibéral, dans sa version ultime, a engendré la guerre de
tous contre tous.
On est bien loin de la fumeuse théorie de Fukuyama qui prétendait voir
dans l’avènement de la dictature des marchés la fin de l’histoire, la
fin des guerres.
Du néolibéralisme au
néo-totalitarisme
Face à l’impossibilité de sortir de l’impasse, de gérer cette
avalanche de crises systémiques enfantées par l’effondrement du Système,
la dérive totalitaire pointe donc son nez presque logiquement.
C’est que le principal risque pour un Système qui se pense indépassable
est moins d’être annihilé par une puissance extérieure
(notre Système n’a pas de rivaux
capables de l’affronter) que d’éclater de l’intérieur sous la
pression de peuples en colère qui, seuls, paient le prix des crises et
crimes qu’il engendre. Pour notre vertueux Système, le principal danger
est donc aujourd’hui insurrectionnel.
D’où le déploiement grandissant – sous
prétexte d’une guerre contre le terrorisme fabriquée de toutes pièces et
savamment entretenue –, de tout un arsenal législatif et
technologique répressif tourné vers l’intérieur.
D’où PRISM et ses avatars.
Le plus formidable dans cette affaire, est que ce néo-totalitarisme
prend aujourd’hui naissance dans le cœur supposé de la vertu du monde,
au nom de la liberté et des droits de l’homme que l’on se prépare
précisément à bafouer, à trahir.
Depuis l’éclatement du scandale PRISM, le Système s’efforce bien sûr de
nous convaincre que nous devons accepter de sacrifier nos libertés
individuelles sur l’autel de la sécurité. Et la machine de propagande
fait son œuvre, annonçant ici que les Etasuniens sont majoritairement
d’accord avec les écoutes de la NSA, et là que, évidemment, au moins 50
attentats ont été empêchés dans le monde grâce à l’espionnage des
citoyens.
«Un choix de société »
Obama, porte-parole en chef du Système, affirme de son côté à qui
veut l’entendre que PRISM «ne
viole pas la vie privée», et que les Etats-Unis ont au contraire
trouvé le «juste équilibre entre
nécessité sécuritaire et vie privée», parlant toutefois aussi d’un
«choix de société»
qu’il allait falloir faire.
Certes.
Alors pour conclure à la même hauteur, voici une autre citation qui vaut
son pesant de petites écoutes intrusives:
«Je pense que dans la société
dans laquelle nous vivons aujourd'hui, il est triste de constater que si
nous allons au cinéma, ou à l'aéroport, au même centre commercial, nous
devons nous soucier de notre sécurité. Donc je préfère que quelqu'un
suive mes appels téléphoniques pour que je me sente en sécurité partout
où je vais, sans ressentir cela comme une intrusion dans ma vie privée.»
Une autre citation d’Obama ?
Non, de
Miss Alabama,
lors de l’élection de Miss USA.
Mais nous aussi, à entrefilets, nous avons eu un doute…