Mauvaise pioche israélienne en Syrie
05/01/2013 Tout ronronnait pourtant si bien en Syrie. Des flots
d’armements ; des océans de pétrodollars ; des fleuves de jihadistes
importés ; le tout (re)couvert par des médias occidentaux complètement
asservis: rien ne semblait devoir contrarier la petite guéguerre
sous-traitée par notre vertueux bloc atlantiste à ses alliés
progressistes du Golfe. Sauf que voilà, parano-Netanyahou n’a pas pu
s’empêcher de déraper en lançant un raid aérien, faisant d’Israël le
premier pays étranger à engager officiellement les hostilités avec
Damas. Malaise au club des G.O. de la boucherie syrienne.
D’une version à l’autre
Le 29 janvier dernier donc, des chasseurs de l’entité sioniste ont
lancé la première frappe aérienne «étrangère» contre la Syrie.
Evidemment, notre presse embedded
nous a servi une narrative de circonstance donnant le beau rôle aux
agités de Tel-Aviv. On a donc eu droit à la
première version
d’une attaque contre un camion d’armes chimiques à destination du
Hezbollah libanais (vieille
recette éternellement tendance chez les bobo-atlantistes). Puis,
plus récemment, on a laissé tomber le camion et le Hezbollah au profit
d’un véritable
centre de développement
d’armes chimiques cette fois (ça fait plus sérieux finalement, et on peut s’en resservir autant qu’on
veut).
De source bien informée, il s’agissait en fait d’un centre militaire de
développement de missiles sol-sol de longue portée tout à fait
conventionnels. Mais c’est
tellement moins sexy, et rend l’attaque tellement moins justifiable pour
la presse-Système.
L’insurrection et ses souteneurs
discrédités
Sauf que voilà, le raid en question a créé un fameux malaise au sein
du
club des «ennemis de la Syrie»,
et plus singulièrement au sein des pays arabo-musulmans embarqués.
D’abord, cette opération accrédite en effet la thèse selon laquelle il
s’agit bel et bien d’une guerre téléguidée et soutenue de l’étranger.
Ensuite, elle révèle une alliance objective entre les pseudos
«révolutionnaires» syriens et l’entité sioniste. Un parrainage très
difficile à assumer pour une opposition qui a déjà du mal à faire
oublier
toutes les boucheries
que ses gangs armés ne cessent de perpétrer.
Enfin et surtout, ce raid embarrasse considérablement les principaux
bailleurs de fonds de l’insurrection syrienne comme la Turquie, le Qatar
et l’Arabie saoudite, qui se voient contraints, au nom de la solidarité
arabe contre l’occupant sioniste, de condamner l’opération et donc, au
moins implicitement, de se ranger pour le coup à nouveau du côté de
Bachar el-Assad…
Erreur stratégique majeure ?
L’entité sioniste aura sans doute tenté d’évaluer les différents impacts
possibles de son opération avant de la déclencher. Mais avec quelle
grille d’analyse ?
Du fait de son impunité éternelle, Israël s’est en effet toujours arrogé
le droit de frapper là où il le voulait
(Irak, Soudan, Liban, Syrie etc…),
quand il le voulait, sachant qu’il n’a de comptes à rendre à personne.
Mais cette totale liberté d’actions a fini par développer en Israël une
attitude psychologie qui a conduit l’entité sioniste à privilégier les
calculs purement tactiques
– profiter du chaos pour réduire les capacités militaires syriennes –
au détriment des conséquences stratégiques de ses actions.
Or dans ce cas-ci, dans ce contexte-là, la conséquence immédiate du
raid, au niveau stratégique, est bel et bien un renforcement
considérable de la position de Bachar el-Assad en tant que dirigeant,
même contesté, d’un pays arabe attaqué par l’entité sioniste.
Certains analystes estiment malgré tout que l’opération viserait à
pousser Bachar el-Assad à riposter et ouvrir ainsi un deuxième front,
vers l’extérieur cette fois. Mais une fois encore, on voit mal la
Turquie, l’Arabie Saoudite et le Qatar s’allier ouvertement avec
l’ennemi éternel israélien pour pilonner un pays musulman… Invendable
dans la rue arabe !
L’hypothèse la plus probable reste donc celle d’une erreur stratégique
majeure qui pourrait bien marquer un tournant dans l’affaire syrienne.
Et la très vive réaction des Russes laisse même penser qu’en cas de
récidive israélienne (hautement
probable d’ailleurs,
on ne se refait pas…),
il n’est pas du tout certain que l’entité sioniste récupère cette fois
son escadrille.