La crise des migrants comme révélateur d’infamies
16/09/2015
Tout simplement ahurissant. Tout ce qui touche à la crise migratoire qui
submerge l’Europe aujourd’hui est ahurissant. Ses causes et les
responsabilités qui vont avec d’abord, systématiquement passées sous
silence par les medias-Système. Le cynisme absolu du Kaiser européen
Merkel ensuite, qui après avoir jeté sans état d’âme le peuple grec aux
ordures du capitalisme triomphant, tente de se faire passer pour un
Robin-des-bois alors qu’elle dégouline d’arrière-pensées intéressées.
Enfin, la gestion désastreuse d’une crise hautement prévisible pourtant,
par une Europe qui oscille entre le droit-de-l’hommisme débilitant des
salons parisiens côté Ouest, et une furieuse envie de tirer dans le tas
côté Est. La crise des migrants comme révélateur d’infamies en somme.
Depuis un mois, les medias-Système occidentaux ont été sommés de braquer
tous leurs projecteurs sur la crise des migrants mais sous l’angle
émotionnel exclusivement. On passe ainsi comme chat sur braises sur la
question des causes réelles, et on oublie systématiquement de pointer
clairement les responsabilités.
Or ces responsabilités sont connues, évidentes, indiscutables, et il
faut les rappeler, les hurler même.
L’Etat-voyou israélien à la
manœuvre
Il y a d’abord les 70 ans de l’interminable massacre de la Palestine
par l’Etat-voyou israélien. Une humiliation permanente durant laquelle,
tout au long de sept longues décennies, l’entité sioniste a bénéficié
non seulement d’une impunité totale mais d’un soutien inconditionnel du
Bloc atlantiste dans son affirmation sous-jacente que les musulmans et
les arabes en général, et les Palestiniens en particulier, étaient des
sous-hommes (untermensch). Or ces septante ans d’injustice institutionnalisée et
avalisée par l’ONU ont été l’un des principaux facteurs d’instabilité au
Moyen-Orient. Ces sept décennies de meurtres, de massacres, de pillages,
de torture et d’apartheid infligés à l’ombre de la Mosquée Al-Aqsa ont
largement nourri le fondamentalisme islamiste des coupeurs de têtes de
Daesh, Al-Qaïda et al-Nosra qui poussent aujourd’hui des populations
entières à l’exode.
Pilonnage étasunien
Coupables aussi les Etats-Unis, pour leur politique d’agression
permanente des pays arabes jugés insoumis; pour leur politique de
regime-change; leurs campagnes d’assassinats ou leurs boucheries de
masse subventionnées ou non par l’ONU; leur stratégie de création,
manipulation et instrumentalisation de groupes terroristes; leurs
fausses révolutions et vrais coups d’Etat: autant d’ingérences à buts
mafieux, économiques ou stratégiques qui ont maintenu la marmite
moyen-orientale en ébullition permanente, pavant la voie à l’émergence
des coupe-jarrets d’EI et de ses avatars.
Ce sont aussi les Etats-Unis qui, avec l’aide intéressée de leurs alliés
progressistes du Golfe, ont rendu ces groupes extrémistes parfaitement
opérationnels en leur assurant financement, armement et souvent même
encadrement.
Aujourd’hui encore, malgré toute l’horreur qui résulte de leurs cyniques
calculs, les Etats-Unis cherchent à instrumentaliser leur monstre Daesh (1)
contre Bachar al-Assad, ce qui en dit long sur le degré
d’incuplabilité dont ils sont
capables face aux conséquences criminelles de leur stratégie dans la
région.
L’Europe à la botte
Coupable enfin l’Europe de Bruxelles, cette technocratie sans âme
conçue par le grand capital pour soumettre plus efficacement les peuples
du Vieux Continent à la prédation du néolibéralisme globalisé.
Une Europe qui s’est révélée politiquement soumise et même rampante face
au commandeur étasunien dont elle a soutenu tous les forfaits au
Moyen-Orient, partageant ainsi légalement et moralement avec lui la
responsabilité de tous ses crimes.
Une Europe qui plus est fer de lance de la dévastation de la Libye, dont
le résultat aura précisément été d’ouvrir les vannes de la grande crise
migratoire d’aujourd’hui.
Israël, l’Empire US et l’Union Européenne sont donc collectivement et
directement responsables, et coupables, de chaque souffrance endurée, de
chaque larme ou goutte de sang versée, de chaque vie sacrifiée durant
l’exode des migrants.
Merkel ou la compassion sélective
et intéressée
Et puis il y a ce cynisme insupportable du Kaiser Merkel faisant des
selfies avec les migrants.
Cette même Merkel qui a puni si honteusement le petit peuple grec pour
avoir osé tenter le chemin de la résistance, en le jetant dans la
précarité et la pauvreté, et qui prétend maintenant jouer les
Robins-des-bois face aux réfugiés.
Or tout ce qui intéresse Madame Merkel, c’est de compenser le déclin
démographique d’une Europe en voie de stérilisation, de fournir de la
main d’œuvre bon marché à l’industrie allemande et donc, accessoirement,
de faire baisser les salaires pour augmenter la compétitivité de son
pays (en temps de crise, y’a pas
de petits profits).
Il faut dire que l’Allemagne a largement bâti sa puissance économique
d’après-guerre en exploitant la pauvreté et donc les bas salaires des
pays de l’Est. Il y a donc une certaine continuité dans sa volonté de
vouloir exploiter la pauvreté des migrants.
D’ailleurs, il ne s’agit «d’incorporer»
que cette vague-là, qui a pu
se payer la traversée de la Méditerranée, ce qui suppose une certaine
aisance financière pour la plupart et, donc, un certain degré
d’instruction.
Les autres, les trop-pauvres pour fuir au-delà du Liban ou de la
Jordanie, supposés sans instruction, peuvent crever.
L’Europe qui n’existe pas
Enfin, il reste l’Europe comme entité politique responsable de la
gestion de la crise, et qui se révèle lamentable comme il se doit. Mais
il serait faux de croire que c’est la crise migratoire qui déchire
l’Europe, notamment sur la question des quotas. En fait, cette crise
révèle simplement son absence totale de cohésion ou d’unité et atteste
encore, s’il en était besoin, du fait que la construction européenne est
bancale par nature, car édifiée comme un agglomérat d’intérêts purement
économiques.
A l’Ouest, où les peuples supposés vivre dans l’opulence ont été
travaillés au corps par des medias-Système qui leur ont inculqué que la
religion et la nation, c’était le mal, et que le consumérisme et la
mondialisation, c’était le bien, le discours culpabilisant domine.
Mobilisations gauche-caviar, façon charity-business, et campagnes
médiatiques sont là pour faire comprendre au petit peuple qui
s’inquiéterait pour son identité et son niveau de salaire futurs qu’il
est hors sujet.
A l’Est, où l’idée de nation et la crainte d’une perte d’identité
religieuse sont encore présentes, c’est la panique et le rejet
violent à coups de barbelés, de
lacrymogènes ou de matraques au besoin.
De la crise de l’euro à la crise migratoire, en passant par la crise
grecque, l’Europe se délite donc lentement mais sûrement, et l’on en
vient simplement à se demander à quel moment l’implosion surviendra.
Durant cette crise? La prochaine?
Il est vrai que le ciment façon Goldman-Sachs a ses limites.
Vive le Marché-Monde
Au final, cette crise migratoire apparaît donc comme un révélateur
d’infamies, une immense tragédie de plus à mettre à l’actif d’un Bloc
atlantiste dont le modèle de civilisation, prétendument indépassable, ne
sait plus produire que ruines, souffrances et désolation de par le
monde.
A ce stade, comme nous l’avions déjà évoqué dans notre précédente billet
sur le sujet (2), seuls les
idéologues hallucinés du Système néolibéral globalisé peuvent encore se
réjouir. Eux qui, dans leurs think-tanks ou groupes de pression genre
Bildeberg, espèrent que ces brassages de population accéléreront enfin
la chute des nations au profit de l’avènement de ce Marché-Monde tant
attendu, un Marché-Monde servi bien sûr par son troupeau d’esclaves
apatrides lobotomisé par médias interposés.
Au moins, eux, ont un programme.
Publié par
entrefilets.com
le 16 septembre 2015
1
Manipulation du Renseignement US en faveur de Daesh
2
Le Système-zombie et la crise migratoire