«Guerre Froide 2.0» : un dangereux cache misère
24/04/2014 Après cinq ans de
propagande antirusse acharnée pour préparer les opinions publiques, le
coup d’Etat de Kiev a permis au Bloc atlantiste de redistribuer
complètement la donne sur l’échiquier géopolitique mondial. Sous
l’impulsion des Etats-Unis, les Occidentaux ont ainsi plongé le monde
dans une «Guerre Froide 2.0», sorte de cache misère destiné à masquer
l’effondrement de leur puissance. Nous revoilà donc dans un monde
bipolaire avec d’un côté les méchants Russes et leurs alliés chinois et
latinos en embuscade –le BRICs
pour faire court–, et de l’autre l’immensément vertueux Bloc
atlantiste. En jouant la surenchère, les Etats-Unis cherchent désormais
à fixer une guerre de basse intensité aux frontières européennes. Mais
la gestion de cette nouvelle crise pourrait bien être au-dessus de leurs
moyens.
Une lente planification
Certes, les Empires meurent
rarement dans leur lit.
A observer comme nous le faisons ici l’agonie de celui érigé en Système
global par l’Oncle Sam, nous nous attendions bien sûr à quelques spasmes
pré ou
post mortem comme celui-ci.
Depuis quelques années, l’offensive US en Géorgie et le déploiement du
bouclier US anti-missiles
autour de la Russie ; de même que l’offensive atlantiste en Syrie avec
l’Iran en ligne de mire (deux alliés de Moscou), montraient que la vieille rivalité
Est-Ouest n’avait rien perdu de son potentiel pour les USA qui étaient
clairement en train de la réactiver.
Pour une poignée de dollars
Au fil de nos brèves sur le sujet, nous avons détaillés le
modus operandi du coup d’Etat
de Kiev avec l’implication des services US et de probables snipers de
l’OTAN dont nous donnons ici
quelques nouvelles toutes fraîches
au passage.
Le but ultime de la manœuvre américaine est bien sûr de
fracturer l’Eurasie
pour éviter la constitution d’un Bloc concurrent Euro-BRICs, tout en
emprisonnant l’Europe dans le Traité transatlantique en préparation pour
permettre aux USA d’y déverser à l’envi sa propagande, ses MacDoPhones,
son
gaz de schiste
et ses OGM.
C’est qu’avec la montée en puissance de la concurrence du BRICs,
l’hégémonie américaine commençait à avoir du plomb dans l’aile. Surtout
depuis que ces mêmes pays du BRICs se sont permis de remettre en
question l’hégémonie du dollar.
Or le dollar n’est pas le symbole de la puissance des Etats-Unis, il EST
cette puissance. Sans le statut hégémonique du dollar dans les échanges
internationaux, les Etats-Unis ne sont plus rien, et ils le savent.
D’où l’avènement de notre «Guerre Froide 2.0», sorte de baroud d’honneur
qui permet accessoirement à l’élite étasunienne de singer ses pères en
réchauffant la narrative d’Etats-Unis restaurés dans le rôle
hollywoodien qui fut le leur durant la «glorieuse» époque de la Guerre
Froide première mouture.
Fixer une guerre de basse
intensité en Europe
Loin de chercher l’apaisement, les USA ne cessent désormais de jeter
de l’huile sur le feu.
Les so called «opérations
anti-terroristes» lancées par la junte de Kiev dans l’est russophone de
l’Ukraine ont en effet systématiquement été lancées après les visites à
Kiev du directeur de la CIA, John Brennan, puis du vice-Président
américain Joe Biden.
Il semble donc qu’à Washington, on ait décidé de pousser Moscou à
intervenir militairement dans l’Est du pays pour pouvoir achever de
fixer une situation de guerre de basse intensité à la frontière Est de
l’Europe.
Conséquente face à l’agression atlantiste, la Russie s’est déclarée hier
prête à intervenir
si ces intérêts sont menacés.
Montée aux extrêmes donc.
Les yeux plus gros que la planche
à billets
Mais au vu de l’état d’épuisement de l’économie américaine, où
l’état de
privation alimentaire
est désormais plus élevé qu’en Grèce, il n’est pas du tout sûr que
Washington puisse supporter l’effort de guerre imposé par ce coup de
poker géopolitique.
D’aucuns imaginent toutes sortes de réorientations et de redéploiements
stratégiques, y compris un désengagement US du Moyen-Orient
– abandonnés aux pétrodollars
saoudiens –, au grand dam d’Israël qui voit notamment d’un très
mauvais œil le réchauffement des relations avec Téhéran
(notamment sous la pression de
tout le gotha industriel atlantiste qui semble d’ores et déjà considérer
l’Iran comme un nouvel eldorado).
Mais ces scénarios sont bancals, aléatoires et surtout dérisoires, tant
la puissance américaine est aujourd’hui une puissance-cadavre sur
laquelle seul son Système de communication pratique encore la
respiration artificielle.
Désormais, toute la subtilité du jeu sera, pour les pays du BRICs,
d’éviter la confrontation directe avec le mourant et peut-être, tout à
la fin, de tendre une main magnanime à l’Europe dont la survie vaudra
bien un détour par Canossa.