Le grand guignol de France 2 sur la Syrie

05/12/2012 L’ex-URSS avait la Pravda, nous avons Libération et ses clones, Le Figaro et ses clones, et à peu près tout le paysage audiovisuel français, à commencer par l’indépassable France 2. Grand moment de télévision donc, mardi soir, à l’heure de commenter la situation syrienne lors du JT de la chaîne d’Etat. La mission de l’humide Pujadas: relancer l’intérêt du spectateur pour un sujet has been depuis des mois dans les chaumières de France et de Navarre.

Exit la réalité, vive le fantasme
Voici donc la crème des animateurs de news aux manettes : «En Syrie, la situation bla bla bla bla, méchant Bachar, bla bla bla bla, gentils rebelles bla bla bla bla.» Puis l’humide arrive au cœur de son sujet : «Un obus de l’insurrection a atterrit dans une école, tuant 28 élèves, mais ce qu’il faut retenir de cette journée est la menace d’attaque à l’arme chimique de Bachar al-Assad…».
«Ce qu’il faut retenir de cette journée …»
Nausée.
Le massacre de 28 enfants par les jihadistes – le réel donc, dans toute son infamie –, est ainsi perçu comme une anecdote négligeable au regard du fabuleux fantasme d’une menace d’attaque chimique inventée d’ailleurs de toutes pièces par les services de com’ la Maison-Blanche.
Soit.
Malgré le caractère éprouvant de l’exercice ; malgré la nausée ; nous décidons de tenir bon, de lutter, de regarder Pujadas jusqu’à la lie.
Et là, on s’envole vers des sommets que Goebbels himself n’aurait pas reniés.
Car s’ensuit un reportage bidouillé à la sauce habituelle (1/3 mensonges, 1/3 sensationnalisme, 1/3 guimauve), avec une intro digne du dernier Gérard de Villiers récitée par un obscur tâcheron embedded du Système cette fois. Voix off grave à l’extrême, façon bande-annonce du dernier Terminator: «Après avoir bombardé son peuple à l’artillerie lourde ; après avoir attaqué son peuple avec des chars et des avions, Bachar al-Assad va-t-il franchir une étape supplémentaire en se servant désormais de l’arme chimique.»
Tout y passe ensuite : des images d’archives du gazage du métro de Tokyo au sarin, jusqu’à celles bien sûr du village kurde qu’aurait gazé Saddam Hussein.
Et bien sûr, pas une syllabe de plus sur les 28 enfants massacrés par les gentils insurgés.
Stop n’en jetez plus !
On éteint donc la boîte avec le soulagement du plongeur qui retrouve enfin la surface pour emplir ses poumons après une longue apnée.


Opération sous faux drapeau en préparation
Concernant la pseudo attaque chimique que le Département US feint de craindre désormais de la part de Bachar al-Assad, il s’agit évidemment d’un montage complet qui trahit la probable préparation d’une opération «sous faux drapeau» pour permettre une implication de l’OTAN.
Le blocage russo-chinois empêche en effet toute intervention directe du gang atlantiste mais il est clair que le gazage d’un ou deux villages confèrerait l’obligation morale aux capitales occidentales outragées d’intervenir sans l’accord du Conseil de sécurité.
Nous laisserons sur ce sujet le mot de la fin à un ami belge qui, dans un échange de courriels au sujet du battage organisé par la presse-Système autour de cette pseudo menace chimique, résumait la chose ainsi: «Si avec les déclarations de ces derniers jours, les «rebelles» syriens n'ont pas encore compris qu'ils devaient tirer quelques obus vers la Turquie ou utiliser des armes chimiques, c'est qu'ils sont vraiment cons !
»