Le G20 à Disney Land
08/04/09 Comme attendu, le G20 n'aura été qu'un spectacle. Face à leur
incapacité d'appréhender le réel, les "grands de ce monde" ont donc opté pour
l'une de ces opérations de prestidigitation médiatique destinée à faire croire
aux masses inquiètes que tout est sous contrôle. Comme attendu, ils se sont
ainsi contentés de brandir le carnet de chèques mondialisé, de promettre de
faire marcher la planche à billets pour injecter 100, pardon 1000 milliards de
dollars supplémentaires dans la machine, c'est-à-dire renflouer les
spéculateurs. Et peu importe d'ailleurs, une fois de plus, que les milliards en
question n'aient qu'une valeur fictive. Seule l'ampleur du chiffre comptait, qui
se devait de frapper par son énormité l'imaginaire de peuples décidément trop
inquiets. Carnet de chèque et sourires goguenards sont donc la réponse apportée
par le G20 à la crise systèmique qui secoue la planète, le tout devant d'abord
rassurer les masses sur la bonne gouvernance du monde globalisé et sur la
pérennité du système.
Bien sûr, on a pris la peine de saupoudrer l'esbrouffre d'une panoplie de
mesures parfaitement cosmétiques à l'usage des analystes et commentateurs agréés
dudit système qui, bien que naturellement tout disposés à être trompés pour
pouvoir, comme leur fonction l'exige, cautionner la mascarade, n'en exigaient
pas moins le minimum syndical en matière d'arguments pour étailler leur
servitude. Question de dignité.
On a ainsi pêle-même rejoué l'épisode des listes noires sensées venir à
bout des paradis fiscaux (par lesquels passent 50% des transactions du système),
européens s'entend, puisque les paradis fiscaux américains et chinois ne sont
même pas concernés par un anathème au demeurant de pure forme. D'ailleurs, la
mesure a finalement tourné à la farce moins d'une semaine après les tonitruantes
déclarations du G20 puisque l'OCDE a fini par rayer de la liste noire les 4
derniers pays qui s'y trouvaient encore... On a aussi promis, parce que la chose
est très tendance puisque touchant l'imaginaire des masses, de réguler la
scandaleuse rémunération des traders. Sauf que les mesures annoncées seront
aisément contournables, grâce à la persistance prévisible des paradis fiscaux
justement. Quant à la régulation des Hedge Funds, il s'agit là aussi d'un voeu
pieux puisque le tout puissant marché n'est pas prêt à se laisser domestiquer
par des pouvoirs publics dont la motivation en la matière est plutôt tiède.
Reste le fameux plan de relance globalisé, qui n'existe tout simplement pas.
Rien en effet n'a été proposé de particulier à Londres, les 5000 milliards
brandis ne représentant en fait que la somme cumulée de l’ensemble des plans
nationaux décidés en amont du Sommet. Pas de plan de relance donc. Enfin, pour
ramener l'action prétendument salvatrice du G20 à ses justes proportions,
relevons cette simple annonce du Times de Londres, qui révèle que le prochain
rapport du FMI sur les perspectives économiques mondiales devrait annoncer un
montant d’avoirs « toxiques » en circulation de... 4000 milliards de dollars,
dont 3100 milliards aux Etats-Unis et 0,9 en Europe. La planche à billets n'a
pas fini de fumer.
Plus sérieusement, de l'avis de nombre d'analystes non formatés par le
système, la seule solution à la résolution de la crise est une refonte en
profondeur d'un système structurellement déviant, refonte qui passe par
l'abandon contrôlé du dollar comme devise de référence au profit d'un "panier de
monnaies" international. Le dollar américain, dont la valeur actuelle est
fictive, et plus généralement une économie américaine aux portes de la
banqueroute, ne sont en effet plus en mesure d’être les piliers de
l’ordre économique mondial. Reste que, comme le disait en substance récemment un
économiste de mes amis (lire la précédente brève ci-dessous), celui qui rejette
la suprématie du dollar se retrouve avec la Ve Flotte US sur ses côtes (cf
Saddam Hussein). Un risque toutefois acceptable selon nous, qui pensons que la
toute puissance militaire américaine n'est qu'un élément du mythe étasunien made
in Hollywood. Il suffit de se rappeler que même face aux nains militaires
arabo-musulmans que les USA ont choisi d'affronter ces dernières années, les GI
ont finalement pris une raclée partout où ils ont mis pied à terre (cf. Irak -
Afghanistan).
Au final, le G20, version Disney Land London, a bien sûr accouché d'une
souris. Il ne fut que la pathétique exhibition de gouvernants sans courage,
masquant leur peur et la vacuité de leur pensée derrière la creuse célébration
des attributs du pouvoir, réunis en un vulgaire troupeau de groupies aux pieds
d'un
énigmatique Barak Obama
jouant dès lors sur du velours pour exploiter, aux services des seuls
intérêts étasuniens, la faiblesse de ses vassaux.
Après cette énième pantalonnade de la fameuse "communauté internationale",
la crise systèmique devrait donc se déployer jusqu'à son terme, c'est à dire
l'effondrement du système américaniste hérité de l'après-guerre (à quelque chose
malheur est bon, dirons-nous). Psychologiquement incapables de se défaire des
chaînes américaines, nos élites ont cependant condamné l'Europe à perdre
l'initiative et à subir le séisme plutôt que de l'anticiper et d'en contôler ce
qui pouvait l'être. La servitude à un prix.