En finir avec les Etats-Unis, le dollar, l’OTAN

26/03/2014 Le coup d’Etat organisé par les Etats-Unis à Kiev a replongé le monde dans une nouvelle guerre froide. Mais pour Washington, c’est tout bénéfice. Premièrement, cela permet d’éloigner pour longtemps toutes perspectives d’un partenariat fructueux entre l’UE et la Russie, qui porterait un coup fatal à l’hégémonie étasunienne. Ensuite, sur le modèle du racket mafieux, cela permet aux USA de renforcer l’illusion de leur nécessité comme protecteurs de l’Europe, notamment au travers de l’OTAN. Enfin, l’opération permet encore de garantir sur le long terme la faiblesse de l’UE, et de préparer le terrain à son enchaînement final au boulet dollar avec le scandaleux Traité Transatlantique en préparation. Le piège est presque parfait.

Une offensive sur trois axes
Depuis la chute de l’URSS, les Etats-Unis ont enclenché une série d’opérations majeures destinées à asseoir leur domination économique et militaire à l’échelle planétaire. L’offensive s’est conjointement déployée sur trois axes : remodelage à coups de flingue du Moyen-Orient ; prise de contrôle de l’Asie Centrale et «annexion» des
anciennes républiques soviétiques au travers de leur intégration à l’UE et/ou à l’OTAN.
Si, sous la direction du libidineux Clinton, cette offensive est restée relativement hésitante malgré l’attaque de l’Irak et quelques ratonnades africaines, les opérations de grandes envergures ont été lancées dès l’arrivée au pouvoir des néoconservateurs du clan Bush, notamment grâce au casus belli du
11 Septembre 2001 et à la pseudo-guerre contre le terrorisme qui s’en suivit.
Ce moment unipolaire aura ensuite duré jusqu’en 2008 au moins, année où la Russie traçait sa première ligne rouge de l’ère post-soviétique en Géorgie, alors que le Bloc atlantiste avait cru bon d’envoyer le gang Saakachvili attaquer l’Ossétie du Sud pour pousser un peu plus loin son avantage vers l’Est.

Un bouclier anti-Russes
Une année plus tôt, Washington avait aussi annoncé le déploiement des intercepteurs et radars de son fameux bouclier antimissile en Pologne et en République Tchèque (
aujourd’hui étendu jusqu’en Roumanie), ce qui avait achevé de convaincre Moscou que les Etats-Unis allaient toujours considérer la Russie comme l’ennemi naturel et éternel du Bloc atlantiste.
Le projet de bouclier antimissile, ainsi que le maintien artificiel de l’OTAN malgré la fin du Pacte de Varsovie, suffisent à démontrer en effet l’hostilité pavlovienne des USA à l’égard d’une Russie qu’ils n’ont jamais, malgré la chute de l’URSS, voulu voir comme un partenaire potentiel.
Ce faisant, les Etats-Unis ont sciemment refusé de donner la moindre chance à la paix.
La narrative ridicule de Washington, qui affirme que le bouclier antimissile est censé protéger le Bloc atlantiste des missiles de… l’Iran (SIC), n’a jamais trompé personne, et
surtout pas Poutine. Potentiellement, le bouclier antimissile US neutralise en effet les armes nucléaires russes jusqu’à l’Oural, alors même que ces armes représentent le fondement de la stratégie de dissuasion de Moscou.
Et puis, finalement, à l’heure du dégel avec l’Iran, il fallait bien trouver un autre épouvantail à brandir pour justifier le bouclier antimissile US. La crise ukrainienne est donc venue à point nommé.

L’OTAN, principal menace pour la paix
Le maintien artificiel de cette guerre froide sert bien sûr les intérêts du
complexe militaro-industriel qui dirige les Etats-Unis, et pour lequel la menace constante d’un Armageddon est un impératif de marketing essentiel pour vendre sa quincaillerie.
De même, cette menace d’Armageddon est également le justificatif obligé pour le maintien de cette superstructure de mercenaires apatrides qu’est aujourd’hui devenue l’OTAN.
Récemment, Obama déclarait ainsi (contenant sans doute difficilement un début d’érection) qu’il s’agissait de «l’alliance la plus forte de l’histoire de l’humanité». Des propos véritablement alarmants lorsque l’on constate que l’OTAN est aujourd’hui le bras armé du Grand capital atlantiste; qu’il absorbe l’essentiel des dépenses d’armement mondiales et que ses chiens de guerre sont désormais engagés, comme au Kosovo en 1999, en dehors de toute légalité internationale au besoin. 

Diviser, affaiblir et enchaîner
Washington considère comme un point absolument central de sa stratégique de domination de toujours maintenir l’Europe en état de faiblesse, ce qui permet de la maintenir en état de soumission.
Or pour que l’Europe reste faible, il faut impérativement empêcher sa jonction avec la Russie, par ailleurs porte d’entrée des pays du Brics.
Une telle jonction éjecterait en effet de facto les USA de l’espace eurasien et porterait un coup immédiatement fatal à leur hégémonie.
D’où la nécessité de semer la discorde entre les capitales européennes et Moscou au travers d’une guerre froide sans cesse relancée à coups de bouclier antimissile, d’élargissement de l’OTAN, de petites révolutions colorées ou de sanglants coups d’Etat comme à Kiev.
Parallèlement à cette montée aux extrêmes, les Etats-Unis sont d’ailleurs en train de finaliser l’enchaînement définitif de l’Union européenne au boulet dollar au travers du scandaleux
Traité Transatlantique. Un traité négocié par les technocrates non-élus de Bruxelles, et qui achèvera de soumettre les peuples de l’UE à la dictature du corporate power et des multinationales apatrides.

Idéalement, en finir donc
Idéalement, si l’UE voulait vraiment sortir du piège mortel ainsi tendu par les étasuniens, ses élites devraient donc s’émanciper au plus vite de la tutelle malsaine de Washington qui place aujourd’hui le Bloc atlantiste du «du mauvais côté de l’Histoire».
Mais il faut se rendre à l’évidence : les Flamby et autres nostalgiques de leur empire perdu n’ont plus l’habitude d’évoluer autrement qu’à genoux. Ce changement de paradigme dans les relations internationales, auquel la morale, le cœur et la raison appellent, est dès lors parfaitement impossible dans une Europe minée par les dissensions, les chevaux de Troie et l’hystérie antirusse d’anciennes républiques soviétiques encore assoiffées de paillettes hollywoodiennes.
Pour le plus probable, les élites européennes vont donc perpétuer avec zèle leur soumission à l’ordre étasunien, au moins jusqu’au naufrage complet du Bloc atlantiste, naufrage dont le caractère inéluctable représente aujourd’hui la dernière source d’espérance pour dévier la course de
notre Hyper-Titanic.
Dans l’intervalle, partout où ils le pourront, à chaque fois qu’ils le pourront, les peuples européens pourront toujours tirer la chasse sur ceux qui, apparemment, ont pour vocation de les trahir.
Allez savoir, la peur de perdre leurs privilèges pourrait peut-être leur donner un peu de courage.
Et puis, la Bastille reste à prendre.
Publié par entrefilets.com le 26 mars 2014 à 17h40

PS ukrainiens :
Le Bloc atlantiste et ses nouvelles marionnettes ukrainiennes ont apparemment lancé une campagne d’assassinats pour se débarrasser de
leurs alliés les plus gênants dans le coup d’Etat de Kiev.
Cela dit, les putschistes ukrainiens ont parallèlement mobilisé
des mercenaires pour écraser les éventuelles rébellions à l’Est. On ne se refait pas.
Enfin, dans un autre registre, l’inénarrable Obama semble être en passe de se lancer dans une carrière d’humoriste. En deux minutes, il a ainsi réussi à affirmer hier que «
le monde était plus sûr lorsque les Etats-Unis et l’Europe était solidaires» (SIC), et que «la Russie était une puissance régionale en perte d'influence» (SIC).
Wouah ! Qu’est-ce qu’on rigole !