La crise à têtes multiples, en mode turbo


11/09/2012 Il n’y a plus guère que Washington, Londres et Paris pour croire encore que le vertueux Système qui assure leur suprématie a encore un avenir. Au plan financier, c’est la ruine. Même le fabuleux hold-up de 2'200 milliards de dollars opéré sur les contribuables par les pouvoirs publics pour éviter la banqueroute de leurs banksters n’y aura pas suffi. Le gros de cette manne ayant servi à couvrir les paris foireux de Wall Street ou de la City, rien n’a été résolu et les conditions structurelles qui ont conduit à la débâcle sont restées en place, garantissant une trajectoire impeccable de notre merveilleux Titanic vers de nouveaux icebergs, toujours plus gros. Au plan politique, le bilan n’est pas meilleur et la faillite du système économique se double de celle du magistère moral d’un Bloc occidental encagé dans une monstrueuse logique de guerre que plus personne ne comprend, même pas lui.

La soupe populaire tous azimuts
Nos chères élites et leurs zélateurs de la presse-Système nous l’avaient pourtant assuré : avec votre bas de laine, on va résoudre tous nos problèmes et ce sera la reprise, l’embellie, la croissance, les «green shoots» et toutes ces sortes de conneries. Fallait bien faire avaler la pilule aux millions de contribuables spoliés, promis aux licenciements, aux retraites minables, aux baisses de salaires et aux plans d’austérité destinés, in fine, a compenser les pertes provoquées par le hold-up susmentionné.
Sauf que la soupe populaire menace de plus en plus la zone euro qui multiplie les plans d’austérité à défaut de petits pains ; alors que les les Etats-Unis s’enfoncent dans une paupérisation galopante et que la City convulse à l’idée qu’on découvre la réalité de son endettement.
Bâti sur la double prison de la dette et des jeux, le modèle de société estampillé «american dream» est en faillite, et la crise des subprime a prouvé que son système économique n’était même pas réformable.
D’autres – que Washington, Paris et Londres donc–, l’ont bien compris. Et les achats d’or massifs de la Russie, de la Chine et même du milliardaire George Soros, ne sont pas passés inaperçus, ayant valeur d’indicateur plus que précieux sur la foi que tout ce petit monde a en l’avenir made in America. Bref, ça sent le sapin chez les adorateurs de la croissance à mille chiffres.

Vive la guerre et la vertu
Heureusement, il y a la guerre, la guerre sainte donc pour la moralisation du monde, contre les tyrans, les méchants, les barbus, euuh non, ce sont nos alliés maintenant, contre les autres, les barbares, le Rest of the World qui ne pense pas comme nous. Et en particulier contre l’immonde Bachar el-Assad, dernier fusible en date.
Là encore, la trajectoire impeccable de notre Titanic est maintenue vaille que vaille par une élite politique et une presse-Système fanatisées. Et peu importe que les massacres perpétrés par les rebelles se multiplient, peu importe que les jihadistes liés à al-Qaïda représentent désormais plus du quart des effectifs combattants dans les rangs de l’insurrection, peu importe, peu importe, peu importe. Et nos capitales et journalistes d’opérette de soutenir dès lors l’effort de guerre des tous les insurgés, quels qu’ils soient et par tous les moyens, enfonçant la Syrie dans une guerre civile qu’ils dénonceront demain.
Et le fossé se creuse donc encore un peu plus entre le Bloc occidental et un Rest of the World qui semble décidément se préparer activement à «l’après».