Essai : de la bataille contre le « Système »
19/04/2010 Récemment, un ami ulcéré par une situation dont j’ignore
encore aujourd’hui le détail, s’était plongé dans
La Guerre de guérilla du Che avec une énergie combattante. Je lui avais
alors humblement fait remarquer que l’hyper-puissance technologique et
communicationnelle du Système rendait désormais impossible toute révolution par
des moyens classiques, fussent-ils aussi honorablement inspirés que ceux du Che,
et qu’il fallait plutôt réfléchir à la rédaction d’un nouveau manuel de guérilla
qui viserait non plus à l’affrontement armé, mais à un travail de termites en
quelque sorte, avec pour objectif l’effondrement du Système sur lui-même, sa
dissolution. Pragmatique, il me demanda de lui donner l’ABC de ce nouveau
manuel, ce dont je fus bien incapable. Mais cela devait amorcer le texte
ci-dessous, où figurent quelques pistes.
La narrative
1. Les démocraties
libérales représentent la forme la plus élevée et indépassable des formes
possibles d’organisation sociale. Il n’y a pas d’alternative.
2. Les valeurs occidentales sont le
fruit d’un héritage historique obtenu de haute lutte après des siècles de
barbarie. Ces valeurs sont les plus élevées qui soient, les plus respectueuses
et bénéfiques pour les collectivités et les individus.
3. L’Occident est soucieux de
permettre à tous les peuples de la terre de sortir de la pauvreté et d’accéder à
la liberté grâce à la promotion de son modèle démocratique.
4. L’Occident œuvre pour la paix dans le monde.
5. L’évolution de notre civilisation
tend toujours vers le mieux.
6. Le capitalisme et son économie de marché ne sont pas parfait, mais ils sont
perfectibles et sont de toute façon le seul modèle viable, il n’y a pas
d’alternative.
Les quelques énoncés ci-dessus sont
a priori indiscutables. Ils résument à peu de chose près le regard que
portent sur eux-mêmes les Occidentaux. L’homos-occidentalus moyen adhère à ces
« évidences » avec l’intime conviction d’être le dépositaire d’un héritage
glorieux, convaincu que « sa » civilisation est lumière dans les ténèbres du
monde.
Il est persuadé que cette conviction est le fruit de sa raison, d’une libre
pensée nourrie de sa propre observation et de son analyse.
Or ces énoncés sont au mieux contestables, au pire faussaires.
Car si le glorieux héritage invoqué ici n’est bien sûr pas sans fondement,
l’Occident est aujourd’hui prisonnier d’un Système
(américaniste, occidentaliste, anglo-saxon comme on voudra, mais que par
commodité nous ne nommeront ici que par le terme générique de « Système »)
qui instrumentalise désormais ses idéaux dont il ne conserve que les slogans
après en avoir détruit la substance.
Passage en revue.
La narrative à l’épreuve du réel
- La
démocratie-libérale, modèle indépassable Dans l’écrasante majorité
des démocraties occidentales, le régime en place, idéal sur le papier, est un
leurre où deux ailes d’un parti unique simulent l’affrontement des idées. Le
peuple est donc l’otage d’un simulacre de démocratie. Dans les faits, chaque
camp gouverne sous la dictature des marchés, se pliant aux lois d’un Système
régi par les seules
lois darwiniennes de l’économie.
- Les valeurs
occidentales sont les plus élevées qui soient C’est faire peu de
cas des ravages de la colonisation et de l’esclavagisme, ces deux sanglantes
mamelles qui ont permis hier à l’Occident de financer son industrialisation et
qui lui permettent, aujourd’hui encore, de financer son train de vie puisque
toutes deux n’ont fait qu’évoluer sans disparaître. Grâce à la globalisation, le
Système permet en effet aujourd’hui à l’Occident de faire travailler ses
esclaves dans leur pays d’origine, et l’OMC, le FMI ou la BM assurent la
poursuite d’une colonisation sans faille des pays en voie de développement par
un mécanisme d’endettement forcé.
- L’Occident
soucieux de la pauvreté et de la liberté des peuples Là encore, les
faits démentent la narrative puisque l’Occident continue à piller les richesses
naturelles des pays pauvres tout en leur refusant un commerce équitable, ce qui
a pour effet premier de bloquer leur développement et d’accroître leur pauvreté.
Les multinationales ont fait main-basse sur « l’agro-business », affamant des
régions entières pour maximaliser leur profit
(prise en otage des paysans grâce aux OGM, monocultures intensives, rachat de
concessions d’eau qu’on laisse à l’abandon pour forcer l’achat d’eau en
bouteilles etc. etc Notons encore que l’essentiel des capitaux qui tournent
autour de l’agro-business sont spéculatifs.). Le Système maintient ainsi
artificiellement et à dessein l’essentiel de la planète dans la pauvreté pour
garantir sa richesse. De plus, puisqu’il se pense universaliste, le Système est
un formidable destructeur de cultures. Il assimile, nivelle, dissous les
identités et les spécificités culturelles, les dilue, les absorbe, les digère,
les uniformise, les reformate.
- L’Occident œuvre
pour la paix dans le monde Rien n’est plus faux. Les seules
boucheries de masse perpétrées depuis 20 ans sur cette planète
(Irak-Afghanistan) l’on été et le sont encore au nom de la démocratie et des
droits de l’homme par les armées occidentales, du Système donc. Dans des pays
d’Afrique sub-saharienne où le sous-sol est riche en hydrocarbures, le Système
et ses groupes pétroliers fomentent ou entretiennent des guerres pour endetter
et donc asservir les pays concernés et empêcher par tous les moyens un scénario
de type bolivien. Au Proche-Orient, la tête de pont occidentale en territoire
barbare,
Israël donc, est soutenue dans toutes ses boucheries depuis 60 ans par
le Système. Dans sa nouvelle doctrine nucléaire, Washington menace même les pays
qu’il jugera « proliférateurs » de
frappes nucléaires préventives, même si ces derniers ne disposent pas de l’arme
atomique (1). En clair,
puisque la menace nucléaire iranienne est un
conte, le Système est désormais théoriquement prêt à faire usage de
l’arme atomique pour imposer son modèle aux récalcitrants trop turbulents.
- L’évolution de
notre civilisation tend toujours vers le mieux
Certes, à l’intérieur de la civilisation occidentale, on ne torture
plus physiquement, on n’emprisonne plus les gens pour leurs idées
(José Bové soutiendrait toutefois le contraire). Mais le Système opère un
contrôle de plus en plus inquisiteur sur les individus sous couvert de sécurité,
et l’on voit les prémices d’une répression « soft » mais grandissante de toute
pensée non-conformiste à mesure que les contradictions du Système apparaissent.
L’illusion de la liberté, et finalement de la vie pourrait-on dire, ne provient
essentiellement que de l’accès d’apparence libre mais en réalité imposé
(comment y échapper ?) à toutes les formes de saturations sensorielles.
Simulacre d’exaltation par une sur-stimulation des sens donc, mais qui ne
s’adresse toutefois jamais qu’à « nos passions tristes ». Ce qui caractérise le
mieux la civilisation occidentale aujourd’hui, est le constat de la
perte complète du sens. Intuitivement, on pourrait avancer que la raison
n’a finalement jamais réussi à combler le vide laissé par le meurtre de Dieu
(1789 : naissance de la seconde civilisation occidentale). Dans le Système
occidentaliste, l’individu lutte en permanence contre une sensation de vertige,
de vide, qu’il est sensé combler par un acte d’achat répété jusqu’à l’hystérie
et/ou la nausée
(Ô mon Dieu, mais quand va donc enfin
sortir la nouvelle version du dernier MacdoPhoooone ?). En définitive,
l’homo-occidentalus ne sait plus vraiment pourquoi il vit.
- Le capitalisme
n’est pas parfait, mais il est perfectible et de toute façon, il n’y a pas
d’alternative Arrivé désormais à sa pleine maturité, le système
capitaliste dans sa version néo-libérale se révèle une machine monstrueuse,
nihiliste à l'extrême, anthropophage dans sa nature profonde. Les licenciements
de masse font s’envoler les actions des entreprises; les catastrophes naturelles
sont considérées comme des aubaines pour relancer l'économie; le principe de
précaution est sacrifié aux exigences du profit immédiat; c’est le règne du
court terme ; la privatisation et la manipulation du vivant n'est qu'une
perspective de plus d'enrichissement ; on préfère laisser crever des millions
d’Africains plutôt que de baisser le prix des trithérapies. Au final, le
capitalisme dans sa version ultime corrompt tout ce qu'il embrasse, de l’esprit
à la biosphère, se dévorant finalement lui-même à coups d’OPA agressives,
imposant aux sociétés qui lui sont soumises la décadence des mœurs, le
desséchement de la pensée et de l'âme, le meurtre de l’environnement. Comme
l’écrit Esther Vivas
« Le capitalisme a démontré son
incapacité
de satisfaire les besoins fondamentaux de la majorité de la population mondiale
(un accès à la nourriture, un logement digne, des services publics
d’éducation et de santé de bonne qualité)
tout comme son incompatibilité absolue avec la préservation de l’écosystème
(destruction de la biodiversité, changement climatique en cours). » En ce sens,
le capitalisme est tout simplement une dynamique destructrice du vivant. Même
dans sa « zone de privilège », l’Occident donc, le capitalisme ne gouverne que
par la violence : docilisation des masses par la précarisation ; paupérisation ;
enfermement des individus dans les dettes pour achever de verrouiller leur
dépendance au Système. Mais le capitalisme s’avère aussi incapable de résoudre
ses contradictions (à qui vendre mes
voitures puisque je mets mes acheteurs potentiels au chômage pour délocaliser et
produire à moindre coûts etc…). Là encore, la narrative se fait d’autant
plus agressive qu’il faut masquer une impasse de plus en plus visible.
La manipulation des psychologies
Et pourtant, l’Occident ne se pense qu’au travers de
l’image parfaite et honorable dont il s’est doté comme une entreprise se dote
d’une identité visuelle, de ce masque de vertu dessiné par sa machine de
communication et qui est si prompt à se sentir outragé par la
barbarie de l’« autre ».
Comment est-ce possible ?
C’est là qu’entre en jeu la fantastique puissance
communicationnelle du Système. Un machine non pas de propagande
(le propagandiste sait qu’il trompe), mais de création d’une réalité
virtuelle.
La distinction est importante. Car le Système ne peut
fonctionner que sous certaines conditions, dont l’une des principales est la
sujétion volontaire des masses au Système. En l’absence de cette sujétion
volontaire, le Système serait en effet contraint de révéler sa nature profonde,
qui est totalitaire, et s’exposerait alors à être contesté, puis combattu, ce
qui serait contre-productif, donc contraire aux buts du Système.
Or, là où la propagande s’attaque à la pensée et tente
d’asséner des mensonges mille fois répétés pour en faire des vérités
(cf Goebbels), la machine à réalité
virtuelle du Système manipule la psychologie. C'est-à-dire le point de contact
le plus intime entre le Système et l’individu. L’élément subtil par lequel
l’individu perçoit, ressent le Système, et par lequel le Système touche au plus
profond de l’individu.
Et seule la manipulation de la psychologie peut susciter la
sujétion volontaire recherchée.
C’est pourquoi nonobstant une poignée de marionnettistes,
tout ce qui fait la communication du Système, c'est-à-dire l’élite politique
mais aussi, bien sûr, la presse-Pravda, les plumitifs du prêt-à-penser, le tout
Hollywood et ses avatars, croit généralement au caractère indiscutable des
énoncés cités en préambule, croit en la pureté intrinsèque du Système (n’est pas meilleur menteur que celui qui croit dire la vérité…).
Chacun des hérauts du Système défend donc la réalité
virtuelle ainsi créée avec d’autant plus de hargne qu’il lui est vital d’y
croire pour son équilibre psychologique justement, au point qu’on peut même
soutenir qu’il désire intensément être trompé, par paresse, conformisme et peur
de l’inconnu bien sûr, par crainte de perdre ses privilèges sûrement, par
angoisse du vide sans doute.
On constate d’ailleurs que ces dociles communicateurs ne
combattent jamais avec autant de rage toute contestation de Leur Vérité, que
lorsqu’ils en suspectent tout à coup malgré eux l’éventuelle fausseté
(l’exemple nous est donné ici par la violence avec laquelle sont traités ceux
qui
contestent la version officielle des attentats du 11 Septembre.)
La télévision est bien sûr le principal vecteur des valeurs
du Système, de sa réalité virtuelle donc. Là où l’on fait globalement sans cesse
l’éloge des valeurs de l’Occident, de la justesse de ses croisades, des
bienfaits du libre-marché, et c’est là aussi que directement ou implicitement on
désigne l’ennemi, on caricature l’autre et les valeurs de l’autre, le barbus
fanatique, l’insondable et menaçant bridé, le nègre sauvage et sanguinaire.
Or un français de plus de 4 ans passe, par exemple, en
moyenne
3,36 heures devant sa télévision chaque jour. C'est-à-dire qu’en un an,
il reste assis à fixer une petite boîte diffusant les messages du Système
durant…. 54 jours sans discontinuer, soit presque… deux mois jours et nuits par
an.
Dans la presse, considérée généralement comme plus
critique, les valeurs citées en préambule ne sont jamais fondamentalement
remises en question (sauf éditos alibis
s’entend). Ajoutons donc à cela le temps de lecture. Et puis les messages
publicitaires qui jonchent les rues et célèbrent les vertus du consumérisme, de
la joie de posséder, c'est-à-dire qui célèbrent la plus haute vertu proposée par
le Système, l’orgasme marchand : l’achat.
Bref, l’individu moyen est quotidiennement soumis aux
stimuli du Système et à sa réalité virtuelle. Il est sous perfusion quasi
permanente.
L’avantage de la réalité virtuelle sur la propagande,
c'est-à-dire l’avantage de manipuler les psychologies plutôt que la pensée est
donc évident. Car au lieu d’avoir des individus qui ânonnent sans y croire les
vertus d’un système en le honnissant (cf
ex-URSS), l’homo-occidentalus fait l’apologie du Système en étant persuadé
de le faire de son plein gré en fonction d’un raisonnement libre, juste et bon.
L’individu se confond avec le Système qui a pénétré sa
psychologie (2).
Instinctivement, nombreux sont donc ceux qui ressentent
intuitivement un malaise au spectacle de cette réalité virtuelle :
« on sent bien que quelque chose cloche, mais quoi… »
C’est que le réel, un peu comme lorsque l’image d’une
télévision est secouée par des parasites, fait régulièrement irruption dans la
narrative du Système, sans que celui-ci puisse l’empêcher.
Crise économique majeure qui oblige le Système à se sauver
lui-même en reportant la dette des spéculateurs sur les peuples ; boucherie puis
débandade militaires masquées en opération de libération et en victoire (Irak),
manipulations trop grossières sur les buts de guerre
(cf. la fable des armes de destructions massives irakiennes) ; le réel entre
parfois trop brutalement en contradiction avec la narrative du Système et en
démasque au moins brièvement la supercherie.
Nombreux sont donc ceux qui, en proie à ce malaise, y
cherchent une explication et sont donc réceptifs à d’autres informations,
dissidentes ou alternatives comme on voudra, que le Système, et c’est là sa
principale faiblesse, ne peut pas filtrer sans se désavouer lui-même puisqu’il
s’affirme comme un espace de liberté. En ce sens, on constate que la narrative
du Système est en même temps sa prison.
L’on pourrait donc caricaturer en disant que la vraie
liberté se situe aujourd’hui dans les interstices des rouages du Système, dans
ces espaces que le Système est contraint de laisser ouverts s’il veut lui-même
fonctionner.
Internet est truffé de ces espaces là. Il est bien sûr un
outil formidable de communication au Service du Système, mais sa nature ubuesque
a aussi ouvert une faille béante dans sa narrative car, pour la première fois,
l’information échappe au contrôle du Système.
De plus en plus de sites dissidents gagnent ainsi en
audience et jouent un rôle « d’éveilleur » que le Système ne peut combattre
frontalement. La presse-Pravda tente bien sûr désespérément de jouer
l’opposition entre le mythe d’une info vérifiée, professionnelle, sérieuse
contre le tout et n’importe-quoi qu’Internet produirait essentiellement. Mais
c’est un baroud d’honneur.
Il s’agit d’attaquer le Système dans sa narrative, de le
marquer à la culotte, de le démasquer, d’en révéler au jour le jour les
supercheries, les sophismes, les manipulations. L’objectif étant bien sûr de
discréditer le Système et ses zélateurs par la mise en concurrence acharnée de
sa réalité virtuelle et du réel.
Ce combat en est au stade embryonnaire pour l’instant, et
il est prévisible que le Système cherchera la parade par des astuces
technologiques ou législatives.
Mais au final, le combat est engagé. Et l’on pourrait dire
que le champ de bataille se situe aujourd’hui dans cet espace infime et
gigantesque à la fois que constitue le doute, la malaise que fait ressentir aux
psychologies la manipulation du Système. Ce malaise est comme une faille qu’il
faut élargir pour que s’y engouffre le réel. Ensuite, il appartiendra au dormeur de se réveiller en acceptant le vertige du réel, pour que
puisse naître en lui l’esprit de résistance, le désir du combat.
En attendant le coup
de pouce de l’Histoire
Aujourd’hui, le Système est profondément malade de ses
contradictions. La supercherie est de plus en plus difficile à masquer. Les
crises se multiplient et les seuls remèdes que sont capables de proposer les
élites du Système sont de nature
cosmétique
bien sûr. Car le Système ne peut ni ne veut être réformé en profondeur, car ce
serait admettre sa faiblesse, son inadéquation au réel. La seule préoccupation
du Système est donc de protéger sa narrative, d’imposer à tous le déni du réel.
Alors une crise succède à une autre crise, qui en abrite elle-même cent autres.
Car le réel est là, comme un volcan, qui couve sous la cendre.
Nous l’avons dit, la narrative du Système est en même temps
sa prison. Sa force est donc sa faiblesse. Il est contrait de sauver les
apparences, et sauver les apparences, c'est-à-dire la réalité virtuelle, lui
impose des limitations terribles de ses capacités. Par exemple, sa machine de
guerre, capable de renvoyer n’importe quel pays à l’âge de pierre, peut être
réduite à l’impuissance à cause de cette narrative justement. En Afghanistan, on
observe ainsi que les bavures, dès qu’elles sont connues, ont pour premier effet
de compromettre les opérations en cours en obligeant le Système à clouer son
aviation au sol, au moins le temps de faire oublier les crimes, de rétablir la
narrative. S’en suit une suite interminable de « surge »
qui ont tous ont la prétention d’être « la grande opération finale » et qui
s’achèvent systématiquement en fantastiques ratages. De par les contraintes de
la narrative, l’hyper-puissance militaire devient donc souvent impuissance avec,
là encore, un désordre permanent qui s’installe. La hiérarchie militaire du
Système se retrouve alors à hésiter sans cesse entre le désir d’atomiser les
talibans, ou celui de les intégrer au gouvernement.
C’est que le Système s’avère désormais lui aussi incapable
de résoudre ses contradictions. Le Système est en crise car la structure même du
Système le conduit inéluctablement vers la crise.
Toutes les conditions sont donc réunies pour l’effondrement
final. Mais à notre avis, seul un événement majeur pourra permettre aux peuples
d’Occident de se libérer définitivement du Système. Un événement qui ne peut
être qu’une fracture, un schisme, coup d’envoi de la dernière phase de
l’effondrement attendu, à l’implosion, à la dissolution.
Or il se trouve que la crise du Système rencontre
aujourd’hui une autre crise, celle des
Etats-Unis, matrice du Système justement. C’est là en effet que le
monstre a été conçu, nourri, là où il a pris son envol, a déployé ses ailes.
Notre thèse est donc que cet événement majeur tant attendu,
le schisme, la fracture, pourrait prendre la forme d’une fracture
transatlantique à la faveur de
l’effondrement en cours de la puissance américaine.
L’effondrement
du Système américaniste et/ou occidentaliste qui enchaîne les esprits et les
nations depuis la fin de la Seconde guerre mondiale pourrait donc être, pour
l’Europe et l’Occident en général, le moment tant attendu de sa vraie
libération, de sa renaissance.
Encore faudra-t-il que suffisamment de dormeurs se soient
réveillés d’ici là pour prendre les commandes de ce nouveau départ, et éviter
que l’Histoire ne bégaie.
C’est à notre sens l’enjeu du combat d’aujourd’hui.
(1)
« J’estime que le traité de non-prolifération nucléaire (TNP) contient un
message très ferme tant pour l’Iran que la Corée du Nord, a déclaré le
secrétaire à la Défense américain, Robert Gates en présentant la nouvelle
doctrine nucléaire américaine. Ce qui
signifie que si vous acceptez de jouer selon les règles nous entreprendrons la
mise en œuvre de certaines obligations envers vous; si vous devenez des
« proliférateurs », alors toutes les options sont sur la table.»
(2)
On sait que la CIA a expérimenté (faut-il parler
au passé ?) des techniques de torture psychologique qui consistent à asséner de
manière répétée des chocs sensoriels aux individus pour « laver leur
psychologie ». Non pas pour y inscrire des messages nouveaux (ça c’était la
technique obsolète du lavage de cerveau), mais pour en faire en quelque sorte
une page blanche qui puisse être dès lors ouverte et réceptive à de nouvelles
perceptions (cf Naomi Klein, La Stratégie
du choc).
>>Tous les épisodes "De la bataille contre le Système".