L’irrésistible montée en puissance de l’iran
16/10/2010 Tous les bloggeurs angoissés de la
parano-sphère sioniste nous prédisaient l’apocalypse à l’approche de la visite
d’Ahmadinejad au Liban. « Coup
d’Etat du Hezbollah supposé être une simple tentacule iranienne au Pays
du Cèdre; jet de pierre du président iranien potentiellement déclencheur de
guerre : tous les délires y sont passés dans la foulée des offensives
diplomatiques de Tel-Aviv et Washington pour faire annuler une visite jugée « provocatrice »
et « déstabilisatrice ». Au Liban
même, la discorde avait atteint des sommets sous l’impulsion du bloc
pro-occidental de l’inénarrable premier ministre Hariri. Et puis ? Et puis rien.
Ahmadinejad est venu, il a été reçu triomphalement ; il a bien sûr délivré ses
messages habituels sur la toxicité de l’entité sioniste et de son parrain
américain ; mais il a surtout appelé à l’unité au Pays du Cèdre ; il a signé
avec le Liban 16 accords et protocoles d’entente en vertu desquels les deux pays
développeront les relations bilatérales dans des domaines aussi variés que
l'agriculture, l'énergie, le pétrole et le gaz, le commerce et l'artisanat, le
tourisme, l'éducation, la santé, l'environnement, les médias, les communications
ou la technologie informatique. Bref, il s’est agit d’une visite d’Etat plutôt
réussie. Point.
Ce faisant, Téhéran cherche à confirmer une stature de puissance régional
incontournable qu’il revendique et avec laquelle, et c’est là sans doute le
principal message qu’il voulait faire passer à l’adresse de l’Occident, il va
falloir composer.
Enfermé dans sa bulle, Washington a bien sûr déploré les « gestes provocateurs »
du président iranien. Et malgré les appels au meurtre d’un député de la Knesset,
Israël a dû quant à lui se contenter d’un lâcher de ballons qui se voulait
spectaculaire au moment où M. Ahmadinejad s’exprimait à 4km de là, mais qu’un
coup de vent descendant a repoussé très symboliquement vers l’intérieur des
terres occupées.
Propagande à plein régime
Le fossé paraît pour l’heure infranchissable et le bras de fer avec
l’Occident a donc de beaux jours devant lui.
La machine de propagande US-raélienne tourne en effet à plein régime depuis des
années sur tous les fronts. On nous rejoue bien sûr la saga des
ADM irakiennes en version nucléaire ; on multiplie arbitrairement les
sanctions occidentalo-onusiennes ; et la diabolisation de Mahmoud Ahmandinejad a
pris de telles proportions que l’on s’étonne pour ainsi dire désormais de ne pas
distinguer l’ombre de quelques cornes ou queue fourchue mal dissimulées lors de
ses apparitions.
Pourtant, malgré cette offensive généralisée pour lui peindre une petite
moustache noire sous le nez, le président Ahmadinejad reste imperturbable,
arrogant à l’extrême, ne cherchant même pas
à calmer ses détracteurs, jetant de l’huile sur le feu à la moindre
occasion en cultivant toutes les ambiguïtés possibles dans ses diatribes contre
Washington et Tel Aviv.
Ainsi, même lorsqu’on affirme de manière mensongère qu’il a déclaré vouloir
« rayer Israël de la carte », il ne daigne même pas démentir (une
des premières dépêches
AFP
sur la visite du président iranien au Liban Sud commençait d’ailleurs ainsi :
« Mahmoud Ahmadinejad, qui prône la destruction d'Israël, se retrouvera jeudi à
quelques kilomètres de l'Etat hébreu… »).
Empressons-nous de dire qu’il ne s’agit pas ici de victimiser un régime brutal,
mais de constater l’énormité de la propagande mise à l’œuvre pour l’ériger en
ennemi numéro public d’un monde libre qui sait habituellement très bien, par
ailleurs, se montrer plus qu’indulgent envers les dictatures et les
tortionnaires de tout poils lorsqu’ils servent ses intérêts économiques ou
stratégiques.
Bref, au-delà de toute cette agitation, de cette excitation, il faut surtout
constater que la capacité de résistance de l’Iran face à la curée témoigne d’une
réelle puissance et même, grâce aux ratages de la politique américaine au
Moyen-Orient, d’une irrésistible montée en puissance.