Vite, il faut sauver
Daesh des Russes!
25/11/2015 Le grand élan cosmique pour une
vertueuse coalition contre l’ennemi commun Daesh n’était bien évidemment
que du flan. A peine dix jours après les tueries de Paris et l’appel à
l’union sacrée d’un Président-Poire français éberlué, Washington a
rapidement calmé les audaces du toutou et remis tout le monde dans le
rang. Comme avant, la Russie et Bachar al-Assad restent donc les ennemis
à abattre, bien loin devant Daesh que l’on va continuer à
instrumentaliser dans la région. Accessoirement, Ankara a également volé
au secours de l’Etat Islamique en abattant un bombardier russe, histoire
de faire comprendre à Moscou qu’on ne touche pas impunément à la poule
aux œufs d’or. Il est vrai que c’est via la Turquie que le groupe
terroriste écoule son pétrole et assure ainsi une grande partie de son
financement, offrant au passage une rente confortable à Ankara (1)
tout en fixant les rebelles kurdes. Ce nouveau front sert d’ailleurs
si bien les intérêts US qu’on ne serait même pas étonné d’apprendre
qu’ils ont poussé la Turquie à la manœuvre. Bref, on l’aura compris,
Daesh rend décidément trop de services à trop de gens pour qu’on laisse
la Russie nous en débarrasser.
On prend les mêmes et on
recommence
Pathétique? Lamentable?
On ne sait trop quel qualificatif choisir pour l’indécente pantalonnade
organisée mardi à la Maison-Blanche (2)
pour faire passer Hollande à Canossa tout en lui donnant l’illusion du
contraire.
La grande coalition avec «la Russie partenaire» n’a évidemment pas passé
à Washington qui se donne un mal de chien depuis trois ans pour
fracturer l’Eurasie (3 et 4).
Il n’était donc pas question de laisser Flanby recoller les morceaux.
Sans vraiment osé regarder son maître dans les yeux, le Président-Poire
français s’est donc vu contraint de réaffirmer qu’il fallait convaincre
la Russie de lâcher Bachar el-Assad, soulignant sans sourciller que le
mieux était de continuer à
«soutenir tous ceux qui combattent Daesh au sol en les aidant et en les
équipant». En clair, puisqu’il est évident que le Bloc atlantiste ne
va pas armer ni l’Iran ni le Hezbollah ni l’armée syrienne, Flanby nous
confirme donc que les gentils Occidentaux vont continuer à armer
quelques Kurdes mais surtout al-Qaïda, al-Nosra et tous les sous-groupes
terroristes qui combattent l’armée légale, alimentant ainsi la guerre
syrienne qui nourrit Daesh, encore et encore.
Heureusement, à la fin, Obama a enfin donné son susucre à Flanby en
concédant un «Vive la France! Nous
sommes tous Français!». Les familles des 130 victimes des tueries du
13 novembre à Paris apprécieront sans aucun doute le trait à sa juste
valeur.
De Daesh au Sunnistan libéral
Donc voilà, retour à la case départ. Il est désormais très clair
qu’en dehors de quelques frappes cosmétiques à l’usage des plumitifs
embedded de TF1 ou de
Libé, les Etats-Unis vont
continuer à instrumentaliser Daesh aussi longtemps que possible pour
maintenir un certain niveau de chaos au Moyen-Orient en général, et en
finir avec le pouvoir syrien en particulier. Dans ce contexte, le tir
turc, pays de l’OTAN, permet d’ailleurs d’ouvrir un nouveau front qui
complique encore la campagne anti-Daesh de la Russie et qui sert donc si
bien les intérêts US qu’on ne serait même pas surpris d’apprendre
finalement que Washington a habilement poussé Ankara à la manœuvre.
A terme, l’idée est comme toujours de parachever l’éclatement de l’Irak
et de la Syrie, afin de créer une sorte de Sunnistan docile et libéral,
comme nous en avions déjà dessiné les contours il y a deux ans (5). Une fois l’opération entrée en phase finale, il suffira alors
aux USA de déclencher une vaste campagne d’assassinats du type
opérations Condor ou
Phoenix, pour nettoyer l’EI de ses cadres les plus radicaux et leur
substituer des types d’al-Qaïda qu’ils auront préalablement formatés à
Langley.
Ensuite de quoi le FMI et la Banque Mondiale n’auront plus qu’à sortir
leurs carnets de chèques pour la reconstruction, évidemment opérée par
les entreprises du Bloc atlantiste, et notre Sunnistan se retrouvera
endetté pour mille ans, rejoignant ainsi la cohorte des obligés du
Système néolibéral atlantiste sous direction étasunienne.
Poker menteur
Bon, sur le papier, c’est très joli. Mais y’a quand même un hic. A
savoir la résistance de plus en plus affirmée de la Russie avec ses
soutiens iraniens, du Hezbollah et chinois
(en embuscade pour ce dernier).
Bien sûr, les Etats-Unis ont toujours le même avantage que d’habitude: à
savoir des fonds illimités en dollars produits au prix du papier, et
donc la possibilité de surenchérir indéfiniment sur le tapis jusqu’à ce
que l’adversaire soit contraint de déclarer forfait, faute de moyens.
Il n’empêche, le hic reste. Car en quelques semaines, grâce à
l’intervention russe, l’armée syrienne a reconquis de nombreux
territoires et lieux stratégiques.
De plus, Pékin sait parfaitement que les USA ont prévu d’acheminer au
plus vite des troupes terroristes de Syrie dans le Xinjiang pour
déstabilisé l’Empire du Milieu. Il n’est donc pas impossible que la
Chine mette la main au porte-monnaie pour soutenir la mise russe en
Syrie, et permettre à Moscou d’achever sa dératisation. Et c’est une
toute nouvelle donne qui pourrait alors se mettre en place.
D’ici là, le pari délirant du Bloc atlantiste va hélas permettre à Daesh
de poursuivre sa campagne de terreur en Syrie, et n’en doutons pas en
Europe aussi, justifiant au passage l’accélération de la mise en place
de législations toujours plus liberticides au sein même d’un Système
néolibéral dont le penchant totalitaire n’est plus à démontrer (6).
Décidément, Daesh rend beaucoup trop de services à beaucoup trop de gens
pour qu’on laisse la Russie nous en débarrasser.
Mis en ligne par entrefilets.com
le 25 novembre 2015
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