Brèves sur
Jénine - Décorations pour «hauts faits» à jénine 05/06/2002 Douze officiers et militaires israéliens seront prochainement décorés pour «hauts faits» dans les combats acharnés qui ont opposé, en avril, les soldats à des Palestiniens armés dans le camp de réfugiés de Jénine en Cisjordanie, selon l'AFP. Seront également cités pour «hauts faits» à Jénine plusieurs unités, dont celle du génie du commandement centre qui a mis en oeuvre les bulldozers géants blindés pour raser une partie du camp, selon le quotidien israélien Yédiot Aharonot. Les Palestiniens ont accusé l'armée d'avoir commis à Jénine des «crimes de guerre» et un «massacre», faisant état de centaines de tués, ce qu'Israël a formellement démenti, affirmant y avoir tué des dizaines de «terroristes» lors de combats au cours desquels 23 de ses soldats ont été tués. En tout, une cinquantaine de corps de Palestiniens ont été retrouvés sur le site des combats, dont près de la moitié étaient des civils, selon une enquête de The independent.co.uk. Début mai, le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan devait formellement dissoudre la mission chargée de faire la lumière sur les événements de Jénine après le refus de coopération d'Israël.
- Israël plus fort
que l'ONU 03/05/2002 L'Etat hébreu a finalement gagné son bras de fer
avec l'ONU. Il n'y aura pas d'enquête à Jénine. Face au refus de coopérer
d'Israël, le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, a formellement
dissous jeudi la mission d'enquête, regrettant que «la lumière sur les ombres
inquiétantes provoquées par les événements qui se sont déroulés dans le camp de
réfugiés palestiniens ne sera pas faite». Côté Palestinien, c'est
l'écœurement. «L'enquête ne peut pas être abandonnée. Nous voulons que la
communauté internationale envoie une mission à Jénine pour mettre en évidence
les crimes israéliens contre notre peuple», a déclaré le conseiller du
président palestinien Yasser Arafat, Nabil Abou Roudeina. Les Palestiniens
accusent Tsahal d'avoir commis un massacre dans le camp de réfugiés et selon une
enquête à Jénine de
The independent.co.uk, près de la «moitié des 50 Palestiniens dont les
cadavres ont déjà été sortis des décombres étaient des civils, parmi lesquels
des femmes, des personnes âgées et des enfants». Vigoureusement contesté par
Israël mais jugé «crédible» par Mary Robinson, Haut commissaire des Nations
Unies aux droits de l'Homme, un rapport de l'organisation de défense des droits
de l'Homme, Human Rights Watch (HRW), écarte la thèse du massacre mais évoque
des «crimes de guerre», notamment l'usage de civils comme «boucliers humains».
Qualifiée de «dangereuse reculade» ou même de «droit de veto» accordé à Israël,
l'annulation de la mission de l'ONU a soulevé une vague d'indignation au Proche
et au Moyen-Orient notamment. Liste chronologique des principaux attentats depuis le début de l'intifada 2000: |
Mur de protection (29 mars au 21 avril 2002)
Crimes de guerre à Naplouse, pillages à Bethléem
>>Liste chronologique des principaux attentats depuis le début de l'intifada
Les brèves commentées sur l'opération
- et
maintenant gaza? 24/04/2002 Ariel Sharon a laissé entendre
que l'offensive «Mur de protection», lancée le 29 mars en
Cisjordanie et officiellement terminée le 21 avril, pourrait s'étendre à
la bande de Gaza, selon des propos rapportés mercredi par les médias
israéliens. Selon un communiqué de la Knesset, le premier ministre
israélien a estimé que les attaques terroristes avaient été
«incessantes» dans la Bande de Gaza, mais jugé qu'il n'était pas prudent
de révéler à l'avance où Tsahal allait opérer. Dans la foulée, le
premier ministre a appelé à la rescousse les lobbies dans une allocution
par satellite, affirmant aux délégués de l'AIPAC
à propos de l'antisémitisme: «Maintenant plus que jamais, nous avons
besoin que vous participiez à notre effort pour combattre ce phénomène
effrayant». Il a répété que son objectif était de faire venir en
Israël «un million de juifs dans la prochaine décennie» (en
Judée-Samarie?). Au plan régional, le président égyptien Hosni Moubarak
s'est montré plutôt vif: «Israël a dépassé toutes les limites en
assiégeant l'église de la Nativité et en violant atrocement les droits
de l'Homme dans les villes palestiniennes, notamment dans la ville et le
camp de Jénine.
Israël commet une faute en continuant à défier la volonté
internationale, en comptant sur le laxisme de certaines puissances
internationales qui ont abandonné leur responsabilités mondiales au
profit d'intérêts étroits et temporaires.» Reste qu'au delà des
déclarations à usage souvent interne, Moubarak ne peut pas grand-chose.
Le Caire bénéficie d'une aide annuelle américaine d'environ 2 milliards
de dollars, la deuxième en importance après celle octroyée à Israël
(3 milliards). Côté marocain en revanche, c'est la détente. On se
souvient pourtant de l'accueil plutôt froid que Mohammed VI avait
réservé à Colin Powell, à Rabat, au moment où l'offensive israélienne
tournait à plein régime: «N'aurait-il pas été plus important d'aller
à Jérusalem d'abord!» lui avait asséné le roi, un badge
pro-palestinien à l'épaule. Reçu hier mercredi à Washington, le jeune
souverain n'a désormais plus aucun grief contre Bush, avec qui il s'est
félicité de l'excellence des relations bilatérales entre leurs deux
pays. Certaines mauvaises langues vont jusqu'à dire que c'est parce-que
Washington et Rabat ont annoncé leur intention de négocier un accord de
libre-échange. Le deuxième conclu par Washington avec un pays arabe,
après celui passé avec la... Jordanie.
Concernant l'enquête sur Jénine et alors que le bilan
s'alourdit quotidiennement dans les territoires, c'est le bras de fer
entre Sharon et Kofi Annan. L'Etat hébreu a demandé un report de la
mission avant de contester la composition de l'équipe d'établissement
des faits que l'ONU a décidé d'envoyer à Jénine. Mais le secrétaire
général n'a semble-t-il pas cédé. Un porte-parole a confirmé que
l'équipe arriverait sur place d'ici à samedi.
- coût
financier des destructions pour l'europe avant
«mur de protection»:
19 milliards!
Selon Bruxelles, au 20 mars dernier, soit quelques jours avant
l'opération de réoccupation israélienne qui a commencé le 29 mars, le
coût des destructions ayant touché la part des projets financée par
l'Union européenne atteignait 18,79 millions d'euros, sur un total de
33,640 millions, en comptant notamment la destruction quasi totale de
l'aéroport de Gaza (la piste de 3,2 kilomètres de long a été scarifiée
par les bulldozers israéliens de tranchées de 1 à 1,5 mètre de
profondeur sur 3 mètres de largeur, et les systèmes radars ont été
totalement détruits), la destruction de l'immeuble et des studios de la
radiotélévision palestinienne (PBC), celle d'écoles, de cinq camps de la
police palestinienne ou même la disparition totale des laboratoires de
la police scientifique antiterroriste palestinienne.
-
expulsions et résolution! 22/04/2002 La police israélienne a
expulsé, tard lundi soir, neuf familles palestiniennes résidant dans des
maisons réclamées par des colons juifs à Jérusalem-est, selon l'AFP,
citant des sources palestiniennes. Sur le front militaire, l'offensive
israélienne se poursuit dans les faits même si Ariel Sharon a annoncé la
fin de sa «première phase», réitérant toutefois son refus de démanteler
la moindre colonie juive. Une vingtaine de Palestiniens ont ainsi été
tués entre samedi et lundi. Ramallah et Bethléem sont toujours occupées
et les autres grands villes de Cisjordanie restent encerclées. Ce qui
fait dire à l'Autorité palestinienne que le retrait de Tsahal n'est que
«poudre aux yeux». Du côté du médiateur américain, la Chambre des
représentants au Congrès devrait se prononcer aujourd'hui mardi sur une
résolution accusant Yasser Arafat de «soutenir et de coordonner le
terrorisme». Cette résolution exprime «la
solidarité avec Israël» des parlementaires américains, alors que ce
pays «prend les mesures nécessaires pour assurer la sécurité de son
peuple en démantelant l'infrastructure terroriste dans les zones
palestiniennes». Une telle résolution, si elle était adoptée, serait un
encouragement pour Sharon à pousser plus loin son offensive. Et qui sait
alors de quoi sa «deuxième phase» serait faite? Accessoirement, Ariel
Sharon a été interrogé lundi durant plus de sept heures par la police
sur le financement de sa campagne au sein de son parti, le Likoud, en
1999, selon une source policière. Une enquête a été ouverte à la suite
de la publication d'un rapport du contrôleur de l'Etat portant sur des
contributions suspectes d'un montant de 1 million de dollars US.
- Et
encore un axe du mal, un! Selon un article de
DEBKAfiles
(anglais, hébreu), citant des sources militaires israéliennes, «l'Iran,
l'Irak, la Syrie, le Hezbollah libanais et les Palestiniens seraient sur
le point de coordonner des attaques contre Israël». Selon Debka, l'Iran
aurait ouvert, en secret la semaine dernière, un bureau de liaison
militaire à Bagdad. Le risque maximum serait atteint à la fin du mois
d'avril, lorsque l'armée iranienne lancera son exercice militaire à
grande échelle dans le Golfe persique, baptisé Wadat. L'offensive
débuterait à ce moment-là par un tir de missile irakien contre Israël...
- feu
toujours vert 12-16/04/2002 Vendredi 12 avril, après 4 heures
de discussions avec Colin Powell, Ariel Sharon a annoncé qu'il «espérait
terminer bientôt» ses opérations en Cisjordanie. Le secrétaire
d'Etat américain, quant à lui, a précisé les exigences du médiateur
américain: à savoir «qu'à la fin, les parties devront entamer des
négociations»! C’est le
plan Zinni de mars dernier: Israël s'engage à retirer ses
troupes
et les Palestiniens doivent immédiatement cessez la violence. Le
lendemain samedi, un deuxième attentat-suicide, depuis le début de
l'offensive, a fait 6 victimes civiles israéliennes, donnant de nouveaux
arguments à Ariel Sharon pour poursuivre ses opérations. Lundi, les
équipes du CICR ont enfin pu pénétrer dans un
camp de Jénine dévasté, où les Israéliens démentent avoir commis le
massacre dénoncé par les Palestiniens. «C'était comme si les lieux
avaient été frappés par un tremblement de terre», a expliqué un
responsable de l'information au CICR pour le Moyen-Orient. Sur le
terrain, la destruction de l’Autorité palestinienne se poursuit. Marwan
Barghouti, chef du Fatah pour la Cisjordanie et successeur
potentiel d’Arafat, a été arrêté. Quant à Arafat lui-même, Ariel Sharon
a appelé à une conférence avec l'Egypte, l'Arabie séoudite, la Jordanie,
le Maroc et des représentants palestiniens, mais pas Yasser Arafat, «chef
d'une organisation terroriste». Commentaire de Powell: la conférence
«ne requiert effectivement pas la présence du président Arafat pour
commencer». Le Secrétaire d’Etat américain revenait d’une tournée de
consultations au Liban et en Syrie où il a mis en garde les deux pays
contre les conséquences des attaques du Hezbollah libanais sur le nord
d'Israël. Alors que Bush affirmait, il y a une semaine exactement, que
«maintenant voulait dire maintenant!», la mission Powell dans la région
semble donc moins avoir visé au retrait de Tsahal des territoires, qu'à
éviter une régionalisation du conflit durant ses opérations.
- Sharon ne
rengainera pas 11-12/04/2002 «J'ai prévenu les
Américains que l'armée israélienne ne se retirerait pas de Bethléem,
Jénine, Naplouse et Ramallah tant que les terroristes qui s'y trouvent
ne se seront pas rendus!» Dans l'avion qui le conduisait à Tel-Aviv,
Colin Powell a dû avaler de travers en apprenant l'ampleur des
concessions qu'Ariel Sharon était prêt à lui faire. Ce dernier a aussi
annoncé qu'il allait établir une zone de sécurité d'une largeur de 5 km
tout le long de la ligne de démarcation, et encore plus large dans le
secteur de l'aéroport international de Tel-Aviv. Pour enfoncer le clou,
un haut responsable des services de renseignement israéliens, le colonel
Miri Eisen, a souligné que l'armée n'avait pas encore achevé sa tâche et
aurait probablement besoin de réoccuper des territoires palestiniens
dans l'avenir, à moins qu'elle ne dispose de plusieurs semaines
supplémentaires pour agir. Dans l'immédiat, Powell devrait tout de même
obtenir un cesser-le-feu, peut-être l'accès aux blessés et l'évacuation
des cadavres par des équipes médicales, bref, le minimum que Sharon est
tenu de faire pour que Powell puissent encore apparaître comme un
médiateur crédible.
-
ERETZ ISRAËL
08/04/2002 Le premier ministre israélien Ariel Sharon a annoncé l'entrée
dans son gouvernement du Parti national religieux (PNR), émanation des
colons, et du parti Gesher de David Levy, ancien ministre des Affaires
étrangères. Le général de réserve >>Effie
Eitam, nouveau chef du PNR (cinq députés), ultra parmi les
ultras, refuse tout compromis et toute négociation avec les Palestiniens
sur une quelconque parcelle des territoires palestiniens, partie
intégrante, selon lui, «d'Eretz Israël» (Israël dans ses frontières
bibliques). «Nous n'allons ni à droite, ni a gauche, nous allons tout
droit sur le chemin de nos pères (...) Ils (les Palestiniens)
n'auront jamais de souveraineté, d'armée ou de gouvernement dans aucune
partie d'Eretz Israël.» (dépêche AFP du 8 avril 2002). Sur le
terrain, Sharon a affirmé que Tsahal ne se retirerait des territoires
autonomes qu'après avoir fini de les nettoyer du «terrorisme»
palestinien. Tard hier soir, après un coup de gueule de Bush Jr., Sharon
lâchait du lest en annonçant un retrait des villes de Kalkiliya et
Tulkarem (elles resteront encerclées). L'épisode semble confirmer le
scénario de l'allié en rupture de ban auquel Washington tenterait de
faire face pour limiter la casse avec les pays arabes, et reprendre sa
marche sur Bagdad. Pourtant, le curieux périple touristique de Powell
avant sa venue dans la région laisse planer le doute d'un pas de deux
israélo-américain en coulisses. Au plan régional, le roi Abdallah de
Jordanie a averti qu'une poursuite de l'invasion israélienne en
territoire palestinien aurait des effets «catastrophiques». Le roi a
contesté l'argument israélien selon lequel cette offensive répond à un
problème de sécurité: «Ce n'est pas un problème de sécurité, mais un
problème politique. [Israël] est un pays qui en occupe un autre,
le seul pays dans le monde qui occupe [le territoire d'] un autre
peuple... et les gens ne comprennent pas cela.»
- L'allié
en rupture de ban? 07/04/2002 Le black-out imposé par Tsahal
fait craindre les pires exactions aux associations de défense des droits
de l'homme. Le général Mofaz a annoncé que l'opération «Mur de
protection» avait coûté la vie à 200 Palestiniens dans une Cisjordanie
presque totalement réoccupée en dix jours. L'Europe s'indigne sans oser
plus, les Nations Unies multiplient les résolutions mais, en annonçant
l'arrivée de Powell dans la région vendredi seulement, le
médiateur américain vient d'accorder à Sharon une semaine supplémentaire
pour mener à bien sa campagne militaire. Pour le monde arabe, c'est la
énième confirmation d'une politique des deux poids-deux mesures qui rend
désormais intenable toute position modérée. Soutenus financièrement par
les Américains, les deux seuls Etats arabes à avoir signé des accords de
paix avec Israël, l'Egypte et la Jordanie, sont menacés d'implosion et
la frontière libanaise se réchauffe. Jamais, depuis 20 ans, la région
n'aura été si proche de l'embrasement. Deux hypothèses: soit la
régionalisation du conflit est un objectif agréé par l'administration
américaine (ce qui paraîtrait franchement excessif et a priori
contre-productif pour ses plans d'attaque de l'Irak), soit les
Américains sont tombés dans le piège de l'allié en rupture de ban. Un
scénario qui verrait Israël chercher à déclencher, seule, une guerre
régionale à laquelle les États-Unis seraient, alliance éternelle oblige,
contraints de participer ensuite. Sharon n'a en effet jamais abandonné
son rêve de Grand Israël (lire Petites phrases), et la
configuration exceptionnelle offerte par la guerre américaine contre le
terrorisme représente peut-être, à ses yeux, sa dernière grande
occasion. Dans ce dernier cas de figure, les missions Zinni-Powell dans
la région viseraient donc surtout à déjouer le scénario de l'allié en
rupture de ban.
-
Médiation américaine 05/04/2002 Alors que le feu vert
américain devrait rester allumé pour Sharon jusqu'à l'arrivée de Powell
au moins, Zinni a pu rencontrer Arafat vendredi 5 avril, alors que 28
Palestiniens étaient tués dans les territoires, selon Euronews.
Rien n'a filtré des discussions mais on peut s'en faire une idée avec
ces révélations de Palestiniens qui,
furieux, ont fait diffuser les détails du plan de cessez-le-feu proposé
par Anthony Zinni le 25 mars dernier. Le plan ordonnait aux
Palestiniens de cesser immédiatement toute violence, et demandait
aux Israéliens de s'engager à cesser la violence.
The Guardian (anglais, 4 avril 2002).
-
feu vert 30/03/2002 «Le monde entier doit savoir
qu'Israël n'agit pas et ne peut pas agir sans un accord américain!»
Prisonnier dans son QG de Ramallah ce 29 mars 2002, Yasser Arafat
dénonce. Lors du sommet de Beyrouth, le soutien apporté par les pays
arabes à l’Irak, et plus singulièrement le soutien saoudien, ont en
effet été vécus comme un cinglant revers par les Américains. L'échec de
la mission Cheney au Moyent-Orient, qui cherchait, au même moment, un
appui arabe à une nouvelle campagne militaire contre Saddam, était
patent. En «représailles», l’administration Bush aura, semble-t-il,
voulu faire plier les Arabes en augmentant la pression sur les
Palestiniens. Pari on ne peut plus risqué, à moins qu’une
régionalisation du conflit ne soit le but recherché pour « redessiner »
quelques frontières. Sur le terrain, 20’000 réservistes israéliens ont
été mobilisés et un front menace de s'ouvrir sur la frontière
libano-israélienne. «Arafat est un ennemi [Lire ci-dessous]
qu'il faut isoler totalement et nous avons ordonné une vaste opération
d'au moins plusieurs semaines dont l'objectif est de détruire
l'infrastructure terroriste», a déclaré Ariel Sharon. L'opération,
déclenchée après une vague d'attentats palestiniens qui a fait plus de
130 victimes israéliennes en un mois, a été baptisée «Mur de
protection». C'est la plus vaste opération lancée depuis l'invasion du
Liban, en 1982. Mardi 2 mars 2002, Arafat a refusé l'offre d'un exil
«aller-simple» de Sharon. Jeudi 4 avril, la Syrie a ordonné le
redéploiement de 20'000 soldats au Liban.
Témoignage
de Jacqueline Rizkallah,
directrice du Centre culturel Khalil Sakakini de Ramallah
Assiégée chez moi dans Ramallah, j'envoie ce
témoignage. aux journalistes, amis et autres personnes pour leur demander
de retransmettre ce message à
d'autres personnes. J'espère qu'il n'alimentera pas une chaîne d'e-mails pour
susciter la piété, demander des prières ou des dons, mais plutôt des actes. Nous
faisons Notre part en résistant ou en restant constants dans l'adversité et nous
Demandons au monde de faire sa part au nom de l'humanité à laquelle nous
appartenons tous. Nous ne voulons pas devenir les Peaux-Rouges du monde arabe,
nous voulons tout simplement vivre libres sur cette terre, dans la paix et la
dignité.
Je commencerai pas un survol rapide de la situation «en direct» et je vous
proposerai 9 suggestions de ce que nous aimerions voir se concrétiser dans
les médias et ailleurs dans le monde.
Tout d'abord ce soir, dimanche 30 mars, nous avons entendu de plusieurs
sources Que des soldats israéliens avaient exécuté de sang-froid 30 policiers
palestiniens dans un bâtiments de la rue Irssal de Ramallah où ils s'étaient
réfugiés. Cela fait suite à l'exécution de 5 policiers palestiniens tués d'une
balle dans la tête et dont les corps ont été jetés dans la rue et y sont restés
pendant des heures vendredi. On empêche les ambulances de se rendre à
destination et les Israéliens sont entré de force dans un hôpital (Arabcare) et
ont tiré dans un autre (Nazer Maternity Hospital). Si cela continue, ce sera une
autre Tchétchénie ou un autre
Sarajevo.
En ce qui me concerne, je suis confinée chez moi depuis vendredi matin, comme
les dizaines de milliers d'habitants de Ramallah et El-Bireh, sans
éventualité que cela finisse bientôt. Nous n'avons pas eu d'électricité pendant
une journée, mais grâce à Dieu, aujourd'hui dimanche, le courant
Est rétabli. L'armée israélienne a pénétré hier dans le village (Kobar) d'un de
nos employés du Centre Sakakini. Elle a détruit leurs affaires et arrêté son
plus jeune frère avec 30 autres jeunes du village. La femme de ménage de notre
Centre vit dans une maison dont les toilettes sont à l'extérieur. Pendant trois
jours, les Israéliens se sont postés à la porte de chez elle en empêchant toute
sortie. Quand l'aîné de la famille s'est glissé dehors pour aller aux toilettes
extérieures, ils l'ont Attrapé et l'ont battu. Son père, un enseignant, a essayé
d'intervenir, les Israéliens l'ont battu et arrêté.
Un de membres du conseil de notre Centre a été
arrêté avec tous les Employés de l'immeuble à bureaux où il travaillait jeudi
soir tard. Ils ont
tous eu les yeux bandés et les mains liés, on les a confinés dans une pièce
Pendant 16 heures. Les Israéliens ont détruit du mobilier de bureau et volé
les disques durs des ordinateurs. Ils se sont tous détachés quand ils ont éalisé
que les Israéliens étaient partis à la recherche d'une proie plus
intéressante... Mon beau-frère, sa femme et leurs 3 enfants de moins de 10 ans
n'ont ni téléphone ni électricité depuis vendredi et ne peuvent pas
aller vivre chez quelqu'un d'autre car on leur tirerait dessus. Le père de ma
voisine immédiate a 70 ans et habite près des bureaux d'Arafat. Les Israéliens
ont fait irruption chez lui vendredi, ils ont Tout cassé à coups de crosses de
fusil (TV, évier, meubles, etc.) puis ils ont volé de l'argent. On dit aussi que
des soldats israéliens ont pénétré dans des banques, bureaux de change et
bijouteries et qu'ils ont volé argent et bijoux. À El Bireh, ils ont
arrêté samedi 150 homme des 16 à 45 ans, après leur avoir intimé l'ordre de
sortir et ils les ont regroupés dans la vieille ville de Ramallah. La seule
station de TV locale privée (Watan TV) qui nous donnait des bulletins toutes les
heures a été saisie vendredi par la Israéliens qui diffusent désormais des films
pornographiques. Les journalistes ont dû quitter Ramallah aujourd'hui dimanche.