MH17 : ou l’hystérie de comptoir en guise de diplomatie

23/07/2014 «The finger point at Putin»; «Putin's rebels blew up a plan»;  «Putin's victims»; «Putin looters rob Brit victims» ; «Putin killed my son», on en passe et des meilleures comme on dit: le crash du MH17 a provoqué une vertigineuse poussée de fièvre antirusse dans les tabloïds britanniques mais pas seulement. Peu ou prou, c'est toute l'élite politico-médiatique occidentale qui a cru l'heure de la curée venue pour clouer enfin définitivement l'ours russe au pilori. Le tout bien sûr sans l'ombre d'un début de preuve, mais il est vrai que l'hystérie de comptoir a depuis longtemps succédé à la diplomatie dans le Bloc atlantiste. Et même si de plus en plus d'éléments incriminent aujourd'hui l'armée ukrainienne, les USA et leurs laquais européens continuent de sanctionner et d'accuser, preuve de leur encagement dans une pure politique d'agression.

Fracturer l’Eurasie
Nous avons largement développés les raisons de cette agression dans nos précédentes brèves. Mais pour résumer, disons que les Etats-Unis tentent de freiner leur déclin en cherchant à mobiliser le Bloc occidental contre la Russie, tête de pont des puissances émergentes des pays du BRICs qui menacent de plus en plus ouvertement leur hégémonie.
Leur principale crainte est de voir l’Europe et la Russie s’engager sur la voie de ce partenariat naturel qui les pousse l’un vers l’autre, partenariat qui les éjecterait de facto de l’Eurasie. Or comme le disait Zbigniew Brzeziński, politotogue américain et conseiller de plusieurs présidents US: «Qui contrôle l’Eurasie contrôle le monde».
C’est dans cette logique qu’il faut replacer toute l’affaire ukrainienne, le but ultime du déclenchement de cette guerre au travers du coup d’Etat de février dernier étant donc de fracturer l’Eurasie pour éviter la constitution de ce Bloc concurrent Euro-BRICs.

Rétropédalage
S’agissant du crash du MH17, rien de surprenant donc que le Bloc ait tenté de capitaliser au  maximum sur l’évènement en accusant Moscou. D’où le déchaînement d’accusations gratuites, hystériques même, où toute forme de retenue a été abandonnée par une presse occidentale dont l’alignement aux thèses officielles, par une savoureuse ironie de l’Histoire, nous rappelle furieusement la propagande… soviétique.
Sauf que voilà, une semaine après le crash, de plus en plus d'éléments accusent désormais l'armée ukrainienne. Il est vite apparu en effet aux observateurs non endoctrinés qu’en toute logique, abattre un appareil évoluant à plus de 10'000 mètres d’altitude dépassait en principe les dotations d’une rébellion, fusse-t-elle relativement bien armée.
Et après avoir laissé la presse occidentale s’enflammer, l’Etat-major russe a publié sa propre version des faits sous formes d’une série de questions qui laissent peu de doute sur le déroulé des évènements. Des «putains de bonnes questions», serions-nous tenté d’ajouter.
Et déjà, le rétropédalage a commencé. Les Américains, tout en affirmant que ce sont quand même les séparatistes qui ont fait le coup mais «sans doute par erreur», ont même fini par admettre que la Russie «n’y était pour rien».
Mais au défilé des cons et des menteurs de la presse-Système, personne ne se pressera, rassurez-vous, pour ouvrir le bal de Canossa en admettant s’être enflammé un peu tôt, sans savoir, dans l’ignorance totale des faits, par pure idéologie donc.

Aveuglement total
De quoi refroidir un peu les ardeurs et l’agressivité occidentales? Pas vraiment ! L’UE a annoncé de nouvelles sanctions, témoignant ainsi de son encagement dans la stratégie d’agression dictée par l’agenda Washingtonien.
Dans cette affaire, c’est bien l’UE qui concentre l’essentiel de la bêtise ambiante. Car si l'on peut parfaitement comprendre la stratégie américaine visant à contrer le BRICs et à casser l’Eurasie pour sauver ce qui peut l’être de son hégémonie, il est de plus en plus difficile de comprendre la soumission européenne. Son suivisme antirusse, et donc à termes anti-BRICs, est en effet un véritable suicide économique à l’heure où nombre de pays de l’UE sont déjà proches du dépôt de bilan.

Haro sur le Mistral, et bientôt le Rafale ?
La polémique lancée par les anglo-saxons contre la livraison du Mistral français à la Russie aurait, par exemple, dû au moins réveiller quelques intellects endormis à l’Elysée.
Car si la France devait céder sur cette question, et elle en prend honteusement le chemin, il suffirait alors aux USA d’étendre à terme l’interdit aux pays du BRICs pour empêcher alors l’Hexagone de vendre par exemple son chasseur Rafale à l’Inde.
Or le Rafale est l’un des derniers concurrents aux appareils américains...
Avec des alliés comme ça, on a décidément plus besoin d’ennemi. Car une fois le Traité Transatlantique signé (voir vidéo explicative), les portes de la prison US seront définitivement refermées sur l'UE.
Bon vent.

Mis en ligne par entrefilets.com, le 23 juillet 2014, à 15h07