L’Empire US et la possibilité d’un
épilogue
13/08/2015 C’est tout à fait extraordinaire. Au
moment où chacun se félicite de la signature de l’Accord sur le
nucléaire iranien, Obama himself nous avertit qu’en fait tout cela
pourrait bien se terminer par une guerre. En cause? La crise d’hystérie
qui saisit le grand hôpital psychiatrique washingtonien et son appendice
israélien (ou est-ce l’inverse?) depuis sa signature. Sous la poussée de
néocons et de sionistes majoritaires au Congrès US, celui-ci pourrait en
effet rejeter l’Accord d’ici au 20 septembre prochain (1),
ce qui «laisserait l’administration américaine face à une seule
option, nous dit BHO, une autre guerre au Moyen-Orient». Oui mais voilà, dans la
configuration actuelle avec une UE exsangue et encagée dans la Guerre
Froide 2.0 déjà imposée par Washington, les Etats-Unis risquent de se
retrouver forts dépourvus lorsque le moment de partir au front sera
venu. Possibilité d’un épilogue.
Panique à tous les étages
«Un rejet de l’accord par le Congrès laisserait toute une
administration américaine absolument déterminée à empêcher l’Iran de se
doter d’une arme nucléaire face à une seule option: une autre guerre au
Moyen-Orient. Je ne dis pas cela pour être provocateur. C’est un fait.»
Dans son discours prononcé le 5 août à l’American University de
Washington (2), Barak Hussein Obama a renoncé pour une
fois aux effets de manches pour aller right to the point, comme on aime
dire là-bas, ajoutant que si le Congrès «tue cet accord, la
crédibilité de l'Amérique comme leader diplomatique, la crédibilité de
l'Amérique comme ancre du système international seraient perdues».
Il a aussi évoqué la position intenable dans laquelle se trouveraient
les USA face à des alliés européens qui sont désormais obsédés à l’idée
de faire enfin du fric sur ce nouveau marché prometteur qu’est l’Iran et
ses 80 millions d’habitants. Et que donc il n’y aurait aucune chance
pour qu’ils y renoncent et acceptent de revenir au régime des sanctions
pour satisfaire les caprices washingtoniens. Les USA seraient donc
seuls, terriblement seuls.
Russie et Chine en embuscade
Enfin, il a également souligné «les dangers d’une confrontation
avec la Russie et la Chine» à laquelle un tel revirement pourrait
conduire à l’heure de la Guerre Froide 2.0 en cours, soulignant par
ailleurs que l’Empire du Milieu figurait «parmi les principaux
acheteurs de la dette US» et, qu’en substance, se brouiller avec
elle pourrait à terme «remettre en question le rôle du dollar comme
monnaie de réserve mondiale».
Obama nous dit donc clairement que c’est la survie de l’Empire US qui
est cette fois en jeu, étant entendu que l’Empire US, c’est d’abord
l’emprise du dollar sur le monde.
La guerre impossible
Le rejet par le Congrès US de l’Accord avec l’Iran
signifierait ainsi l’obligation quasi automatique pour les USA de partir
en guerre contre Téhéran quasi seuls, c’est-à-dire avec pour seuls
alliés des Britanniques fatigués, les paranos de l’entité sioniste et
une poignée de bédouins, représentants illégitimes de régimes
agonisants. Sur le papier déjà, ça promet.
Mais techniquement, cela veut dire quoi une guerre contre l’Iran
exactement?
L’hypothèse est bien évidemment étudiée de longue date dans les
états-majors US, mais se heurte toujours aux mêmes réalités.
L’option haute, infaisable
Dans l’option haute, l’objectif serait évidemment un changement de
régime avec installation d’un proconsul US, façon Afghanistan, pour
avoir un contrôle au moins relatif des choses dans ce pays durant
quelques années.
Sauf que là, il faudra nécessairement y aller à pied, avec une coalition
d’au minimum 1,2 million de soldats, toute la logistique qui va avec,
avec une phase préalable de conscription obligatoire impossible à
réaliser du fait des contraintes de temps d’une part, mais aussi du fait
du climat anti-guerre au sein d’une population étasunienne très remontée
contre le pouvoir central.
Puis il faudrait soutenir, toujours seuls ou presque, une occupation
dans la durée, avec les coûts et les incertitudes qui vont avec face à
des combattants aguerris, hautement motivés, et disposant de l’arsenal
d’une armée moderne parfaitement équipée.
Dans un pays quatre fois plus vaste que l’Irak, l’opération à monter
serait ainsi d’une envergure telle qu’elle ferait passer la Tempête du
Désert lancée de 1991 pour un camp scout.
Et encore une fois, avec une poignée de bédouins du Golfe et les
extrémistes de Tel-Aviv comme alliés, la chose paraît tout simplement
impossible.
L’option basse, éventuellement nucléaire
Reste l’option basse, le fameux concept de retardement d’un programme
militaire iranien qui n’existe plus depuis 2006, comme l’ont confirmé
d’ailleurs toutes les agences US elles-mêmes. Mais comme nous le savons,
la réalité a désormais une importance toute relative en ces domaines.
Pour éviter l’engagement massif de troupes, la seule possibilité est
donc de s’en tenir à des campagnes de bombardements aériens. Mais encore
une fois, l’Iran n’est pas l’Irak et il est clair que la réplique de
Téhéran ne se limiterait pas, elle, à trois Scuds sur Tel-Aviv.
L’Iran a les moyens d’anéantir tous les contingents militaires US de la
région y compris dans le Golfe et en Afghanistan, de bloquer le détroit
d’Ormuz ou, encore, de frapper très durement Israël. Elle peut aussi
compter sur le soutien certes discret,
mais n’en doutons pas très efficace, de la Russie et de la Chine.
Les Américains le savent et la seule façon d’éviter ce scénario
catastrophe serait une attaque nucléaire ciblée sur les sites principaux
(l’usage du nucléaire prouvant la détermination jusqu’au-boutiste de
l’engagement), attaque bien sûr assortie de la menace (rendue crédible
par des manœuvres ostentatoires) d’une frappe nucléaire massive en cas
de riposte de Téhéran. En clair la tactique du «tu me laisses te
frapper sans broncher ou je te tue».
Guerre mondiale garantie
Sauf que compte-tenu du nombre de foyers militaires actifs dans la
région; de la somme des intérêts divergents qui s’y entrechoquent; de la
Guerre Froide 2.0 en cours; du déclin du Bloc atlantiste et de la montée
en puissance parallèle des BRICs, on voit mal comment une guerre US
contre l’Iran, même limitée au départ, ne déboucherait pas mécaniquement
sur une guerre mondiale.
Conclusions
Au vu de la folie qui règne à Washington et
Tel-Aviv actuellement, aucun des scénarios évoqués ici ne peut hélas
être exclu si le Congrès rejette l’Accord sur le nucléaire iranien.
Mais l’on sait toutefois qu’une partie au moins de l’establishment
militaire US est farouchement opposée à une aventure militaire
supplémentaire contre l’Iran, dont elle pressent l’issue nécessairement
catastrophique.
Les déclarations récentes de l’ex-chef du Renseignement US, le général
Flynn, révélant que la création de Daesh résultait d’une «décision
délibérée du Gouvernement US», témoignent de cette fracture (3).
Le rejet de l’Accord par le Congrès US entraînerait donc au minimum une
paralysie totale de la situation washingtonienne, contraignant les
Etats-Unis à poursuivre seuls une politique de sanctions vis-à-vis de
Téhéran.
Or leur isolement complet sur ce dossier crucial serait un facteur
d’accélération phénoménal de l’effondrement de leur leadership mondial.
Par effet de domino, il conduirait ensuite rapidement à la mort du
dollar en tant que monnaie de réserve mondiale, donc à celle de l’Empire
US en tant que tel, cette dernière entraînant à son tour mécaniquement
la chute finale de tout le Système atlantiste.
La possibilité d’un épilogue donc à la grande crise d’effondrement du
Système libéral mondialisé qui réduit le monde en esclavage et prépare
l’abolition de l’Homme.
Reste que si le scénario d’un isolement et d’un effondrement de l’Empire
US sur son empreinte est très séduisant, le risque est important aussi
que l’Empire refuse de «mourir dans son lit» et cherche, comme le font
souvent les régimes déviants aux abois, à entraîner le monde avec lui
dans sa chute.
1
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2
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3
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Decision" Of US Government