Stratégie pour Israël dans les années 1980  Un article de Oded Yinon, journaliste et ancien fonctionnaire israélien des Affaires étrangères, publié dans la Revue d'Études Palestiniennes No5, Automne 1982. Les extraits choisis résonnent d'une actualité toute particulière en ce qui concerne notamment la colonisation, le "problème palestinien", l'Irak, la Jordanie ou l'Égypte.  Extrait 1 /// Extrait 2 /// Extrait 3

Ephraim Eitam (Effie) (24 Heures 9 avril 2002)

Brigadier général de réserve de Tsahal, barbu et trapu, kippa tricotée, Ephraim Eitam, Effie de son surnom, tout nouveau chef charismatique du Parti National Religieux, émanation d'extrême droite des colons, a d'emblée accédé lundi au poste de ministre sans portefeuille du cabinet d'union nationale d'Ariel Sharon.

Son ambition déclarée: apporter à sa formation de 10 à 12 mandats à la Knesset aux prochaines législatives, contre cinq actuellement. Il se considère comme candidat potentiel au poste de Premier ministre, et affirme qu'"Israël doit sortir vainqueur de la guerre qui lui a été imposée, afin d'empêcher un conflit plus grave". Selon lui, "les membres de l'actuelle direction palestinienne sont des criminels qu'il faut écarter (...) Arafat a appelé un million de martyrs pour Jérusalem et menace tout le Proche-Orient d'une guerre de religions. Personnellement je le ferais juger pour meurtres afin qu'il soit pendu."

Effie Eitam affirme vouloir insuffler "un nouvel esprit" au PNR qu'il souhaite "pluraliste". Il indique s'opposer à tout projet de transfert de populations "tant arabes que juives", et indique "qu'il n'est pas question d'octroyer aux Arabes la souveraineté et une armée sur la moindre parcelle d'Eretz Israël (aux frontières bibliques) située à l'ouest du Jourdain". Il ajoute qu'"une solution régionale et territoriale au problème palestinien doit être trouvée dans le Sinaï égyptien et en Jordanie".

Prestigieux officier de terrain, il a quitté l'uniforme après trente ans de carrière il y a deux ans, ses supérieurs refusant de le promouvoir au rang de général à cause de son franc-parler. La haute hiérarchie militaire lui reproche d'avoir préconisé en termes choquants la manière forte pour réprimer la première Intifada. La gauche israélienne l'accuse carrément d'être "raciste", notamment parce qu'il a mis en garde contre "la palestinisation" des Arabes d'Israël, qualifiés de "bombe à retardement" et de "cancer dans le corps de la nation".

Né à Tibériade en 1952, Effie Eitam a grandi au kibboutz Ein Gev d'obédience travailliste, au bord du lac. Il a servi dans une unité d'artillerie antiaérienne durant la guerre des Six jours de juin 1967. Six ans après, c'est la guerre du Kippour. Il se retrouve isolé dans le Golan, armé d'un dérisoire bazooka face aux blindés syriens. Mais il survit et devient juif pratiquant ultra-orthodoxe. L'ex-laïc s'établit précisément sur ce plateau contesté, dans le village coopératif de Nour, avec son épouse Ilith. Ils ont huit enfants, dont quatre garçons, tous membres de l'unité d'élite "Egoz" (noisette) de Tsahal.

Effie Eitam se dit "romantique". La figure biblique qui l'impressionne le plus est le roi David, "intellectuel et homme d'action, qui s'est voué à l'Eternel et à la défense de son peuple". Il veut lutter contre "l'américanisation" d'Israël, en se référant aux valeurs religieuses et nationales juives ainsi qu'aux concepts moraux de la Bible. Son programme: empêcher la déjudaïsation de l'Etat hébreu qui invite à s'interroger sur sa raison d'être.

"Vivre dans un pays qui est une pâle copie de l'Amérique ne vaut pas de prendre des risques, dit-il. D'autant qu'Israël n'est pas un havre de sécurité puisqu'il est le pays le plus dangereux pour les juifs, et qu'au lieu d'empêcher l'antisémitisme, il le génère. Israël n'a pas pour vocation d'être un pays comme les autres. La seule chose qu'il puisse offrir, c'est d'être un Etat juif".

Jérusalem / O. D.