Comment le bloc atlantiste a construit la guerre en syrie
06/08/2012 L’origine et les causes des guerres civiles qui durent finissent
toujours par se perdre dans la mémoire du temps. Après quelques années, elles en
viennent à exister par elles-mêmes, pour elles-mêmes, avec leurs lots de
tueries, d’accalmies, puis de poussées mortifères sans que plus personne ne
puisse ou ne cherche vraiment à faire sens avec les évènements. Tout est devenu
trop compliqué, avec trop d’acteurs, trop de drapeaux et de faux drapeaux, trop
d’intérêts mêlés. Nous avons vécu ce syndrome avec la guerre dite civile du
Liban ou avec celle du Sri-Lanka, et nous le vivons aujourd’hui avec celle du
Congo. Alors au moment où
Le contexte
Pris au dépourvu par les évènements tunisiens et égyptiens, le Bloc
occidental a très vite compris tout le bénéfice qu’il pourrait tirer de la
dynamique du Printemps arabe pour avancer ses pions au Moyen-Orient.
L’instrumentalisation des évènements est donc devenue une priorité dans les
états-majors du Bloc atlantiste qui peinaient à faire redémarrer leur grand
projet de remodelage complet du Grand-Moyen-Orient.
Les objectifs
Le Bloc atlantiste (dont Israël
est un poste avancé) entend briser le dernier axe de résistance à la
domination occidentale que forment
l’Iran,
Pour l’Arabie Saoudite et le Qatar, c’est la montée en puissance chiite
qu’il s’agit de briser. Depuis la révolution islamique de 1979 en effet, une
compétition féroce oppose Riyad et Téhéran pour le leadership musulman. Depuis
la première guerre du Golfe, jamais les pétromonarchies n’ont été plus éloignées
de leurs références islamiques et leur soumission aux intérêts américains, voire
israéliens, est très mal perçue par la rue arabe. Avec des positions
(anti-israéliennes, anti-américaines) aux antipodes de ses voisins du Golfe,
Téhéran s’affirment donc de plus en plus comme une référence religieuse plus
convaincante malgré le fossé qui sépare les branches sunnites et chiites de
l’Islam. Au demeurant, on constatera aussi que les pays du Golfe sont en proie à
des troubles souvent liées à leurs très fortes minorités chiites, sans parler de
Bahrein dont la population est à 70% chiites. Pour les puissances du Golfe, la
priorité absolue est donc à la chute de l’Iran chiite, et la déstabilisation du
régime chiite alaouite de Bachar al-Assad n’est là aussi qu’une étape.
Pour
La stratégie
La narrative, on le sait,
est dans la nature du Bloc atlantiste qui ne peut assumer ses massacres que
lorsqu’ils sont parés du plus vertueux vernis (cf.Irak, Afghanistan, Liban etc..). Et la stupide répression opérée
par le régime syrien sur les manifestations pacifiques du début a, à cet égard,
fournit le matériau idéal pour la construction de la fable d’une révolution
bisounours écrasée par un régime sanguinaire. Le cadre idéologique de
l’opération de regime-change a donc
rapidement pu être posé.
Tous les grands médias ont alors été
mobilisés
pour la propager sans la moindre nuance, et l’uniformité du discours est venue
prouver, une fois encore, que les médias ne sont plus du tout le «quatrième
pouvoir» qu’ils ont un temps prétendu être, mais tout au contraire l’un des
principaux instruments au service du pouvoir. Dans la presse française, cette
dévotion, cette soumission a même atteint des sommets. Un seul exemple les
résume tous : le titre du dossier bâti dès le début des évènements par le
journal bobo-atlantiste Libération
sur la crise syrienne a ainsi été intitulé :
«Syrie,
l'horreur à
huis-clos,
Bachar al-Assad réprime dans le sang le soulèvement de la population dans
plusieurs villes du pays.»
Avec ce postulat de base, le journal a ainsi affiché un parti pris lui
interdisant toute correction de jugement future, toute modification de l’analyse
ou de l’opinion en fonction des faits. Aujourd’hui encore, malgré les massacres
avérés perpétrés par l’ASL et la présence massive de mercenaires et de
jihadistes d’Al-Qaïda dans ses rangs,
Libération
affiche donc toujours cette même posture, ce même aveuglement. Mais il est loin
d’être une exception et, du Figaro
au Monde, toute la presse française fonctionne sur ce ressort.
La tactique : En moins de deux mois, les premières armes ont fait leur
apparition et les manifestations pacifiques initiées à la fin février 2011 ont
immédiatement cédé la place aux opérations militaires. Les premiers rapports sur
des massacres de policiers ou de militaires datent ainsi du début du mois
d’avril 2011 déjà.
Des mois durant, ces informations ont pourtant été scrupuleusement ignorées,
écartées par la presse-Système pour coller à la narrative du Bloc. Il aura fallu
attendre juillet 2012 pour que les massacres les plus voyants de l’ASL soient
mentionnés, car
impossibles à cacher.
Tout au long de la crise, le Bloc atlantiste et ses zélateurs se sont
officiellement contentés d’apporter une caution morale aux insurgés au travers
des «Amis de
La logistique : Soucieux de sauvegarder sa narrative droit-de-l’hommiste,
le Bloc occidental a délégué la logistique de la guerre à ses alliés du Golfe
pour la fourniture d’armes et d’argent aux insurgés et aux troupes de
mercenaires afghans, algériens, libyens, turcs ou irakiens dépêchées en
renforts.
Des cargos d’armements divers ont ainsi été livrés en flux continus aux
jihadistes –réhabilités pour l’occasion en
tant que «combattants de la liberté» donc–, transitant tout à tour par
l’Irak, le Liban ou
Objectif atteint
Le résultat est sans appel : 17 mois après le début des manifestations
pacifiques en Syrie, le pays est désormais plongé dans une sanglante guerre
civile dans laquelle chaque camp rivalise désormais de brutalité, comme dans
n’importe quelle guerre civile d’ailleurs.
En dix-sept mois de descente aux enfers, nous avons donc assisté en direct à
l’implacable construction d’une guerre civile montée de toutes pièces au nom de
la liberté et des droits de l’homme.
Victoire.