Vers le «Shutdown» global malgré «Iron Man»
17/10/2013 Après quelques jours d’un psychodrame au suspense assez
artificiel, les Etats-Unis ont évité comme prévu le défaut de paiement
au terme d’une énième crise dite du «Shutdown». La planche à billets va
pouvoir fumer de plus belle. La pègre financière a poussé un ouf de
soulagement; la planète économique s’est épongé le front et les
commentateurs-Système n’en finissent plus de nous expliquer combien nous
sommes passés «à ça» de la «déflagration
mondiale», mais que rien n’est joué et que les batailles budgétaires
vont continuer et bla bla bla bla. La bouillie pour les chats habituelle
donc, ou comment s’échiner à décrire une métastase sans voir le cancer
généralisé qu’elle révèle. Ce non-évènement n’aura en fait été qu’un
simple palier de compression supplémentaire sur la route du Shutdown
global vers lequel s’achemine inéluctablement l’Etat faussaire
étasunien. Même l’«Iron man» rêvé du Pentagone n’y pourra rien changer.
Un verdict sans appel
La phase terminale de l’effondrement US a connu une accélération
remarquable en 2013.
En révélant que Washington traitait ses «alliés» avec les mêmes égards
que ses ennemis, l’affaire Snowden a ainsi fait éclater une crise à
têtes multiples qui n’en finit plus de disséminer ses bombinettes dans
les
conclaves internationaux.
Parallèlement, l’affaire de la
vraie-fausse attaque chimique
syrienne a ensuite sonné le glas de la politique US dans la région en
provoquant un
fiasco tel,
qu’il a contraint la Maison-Blanche à rengainer ses flingues et à
reprendre langue avec l’ennemi juré iranien.
Enfin, le psychodrame automnal du «shutdown» est venu confirmer
l’extrême fragilité d’un gouvernement US menaçant d’éclater à tout
instant sous la pression de forces centrifuges de plus en plus
puissantes, de plus en plus extrêmes.
Le verdict est sans appel : la légitimité morale de l’Empire est
ruinée ; sa crédibilité en tant qu’hyper-puissance ne l’est pas moins ;
et sa soi-disant monnaie de référence est apparue pour ce qu’elle est :
une monnaie de singe à laquelle
plus personne ne croit
vraiment.
Bravo l’artiste.
Tous les ingrédients d’un
blockbuster
A ce stade, ouvrons une petite parenthèse pour reconnaître que
l’effondrement US réunit tous les ingrédients d’un blockbuster
hollywoodien, un tantinet décalé toutefois
(on verrait bien les frères Cohen,
Tim Burton ou Terry Guilliam aux commandes).
En résumé, nous avons donc d’ubuesques opérations top-secrètes
d’espionnages
qui finissent dans la presse-people ; une NSA qui
ment comme un arracheur de dents
pour faire croire à l’utilité de cet espionnage planétaire
(un ou deux attentats identifiés
en tout au lieu des 50 annoncés) ; de fantastiques projets de
guerres qui partent en sucette avant d’avoir commencé avec un risque
majeur de paix à la clé (l’exact
opposé donc de ce qui était prévu); un Président Prix Nobel de la
paix
accroc aux assassinats
par drones interposés et qui ne gouverne plus aujourd’hui que dans
la peur d’être assassiné lui-même
et, enfin, dans l’affaire du shutdown, des seconds rôles pleins de reliefs comme cette démocrate
du Texas proposant l’instauration de
la loi martiale
comme solution.
Et au beau milieu de ce merdier,
last but not least, le Pentagone
himself, insouciant comme un
bambin halluciné jouant avec sa caisse de grenades, nous annonce
joyeusement qu’il va réaliser
«l’armure d’Iron man»
pour ses «supers-soldats du futur».
Du lourd on vous dit, pour un blockbuster, voire un péplum, avec un
final digne de «Pompéi» cela va sans dire.
Un effondrement nécessaire
Tout cela prêterait à rire si les soubresauts du presque cadavre
impérial ne provoquaient encore, comme en
Syrie,
de
monstrueuses hécatombes,
sans compter la probabilité de voir de nouveaux spasmes provoquer de
nouveaux bains de sang.
C’est que, comme nous l’avions évoqué dans une
brève de juin 2012,
les grandes puissances ne meurent que rarement dans leur lit, et leur
agonie peut s’accompagner de terribles fracas.
En septembre dernier
par exemple, lorsque l’Empire prétendait punir le régime syrien, nous
sommes ainsi passés à quelques millimètres d’une conflagration dont
personne n’aurait pu prédire l’ampleur tant le risque était grand de
voir l’entrée en scène d’acteurs comme l’Iran et même la Russie, ou
accessoirement l’Etat-voyou israélien et ses armes de destructions
massives.
Aujourd’hui, l’effondrement des Etats-Unis en tant qu’hyper-puissance
mondiale dirigeante
est donc une nécessité.
D’abord pour en finir avec les guerres et les massacres de masses (cf.
1,5 million de morts en Irak), et mettre aussi un terme au chaos
engendré par le remodelage à coups de flingue du Moyen-Orient que
Washington téléguide avec ses laquais saoudiens et européens.
Ensuite, cet effondrement s’accompagnera surtout de l’éclatement de la
prison-dollar avec l’espoir, enfin, de voir la chute
d’un Système néolibéral
dont l’Empire est la matrice, le promoteur et le gardien, et dont
l’essence nihiliste
impose au monde le meurtre permanent de l’environnement, l’injustice
sociale et le dessèchement des âmes.
Bien sûr, l’Empire reste terriblement dangereux de par son incroyable
puissance de feu et la fascination qu’il peut encore exercer sur les
esprits rampants des dirigeants occidentaux par exemple.
Mais l’effondrement est inéluctable, et si l’on se fonde sur les
dernières
«réalisations» du Pentagone,
ce n’est pas l’armure d’«Iron man» qui empêchera le Shutdown global à
venir.